Premiers pas à Mascate, capitale du pays d’Oman

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6 heures du matin, quelque part au-dessus du golfe

J’ai soudain ouvert les yeux, réveillé par la lumière du jour qui avait empli, toute la cabine. J’avais dormi à peine deux heures, allongé sur quatre sièges, dans l’allée centrale de l’Airbus de la compagnie omanaise. Je crois bien m’être levé presque d’un bon, persuadé que l’avion était sur le point d’atterrir. Mais les autres passagers dormaient encore. J’ai aperçu, dans le fond de l’avion, les hôtesses affairées à préparer les petits déjeuners. De très belles femmes, principalement des thaïlandaises et des indonésiennes, me confiait la chef d’escale avant le décollage. J’ai regagné ma place pour observer le paysage depuis le hublot. Dehors il n’y a rien d’autres que des montagnes et des plaines rocailleuses à perte de vue. De temps à autre quelques villages isolés, ensembles de petites maisons blanches à l’architecture quasiment identique. La lumière du matin est encore orangée et un épais voile de brume semble s’élever depuis le sol. Me voici donc à Oman, pays d’enfance de Sinbad, qui abrite le désert des déserts, l’un des plus grands du monde, que sillonna Wilfred Thessiger en compagnie des bédouins.

avion oman

Dans le hall de l’aéroport, une jeune femme attend, tenant une pancarte portant mon nom, que je n’avais même pas remarqué, tant j’étais occupé à chercher mes cigarettes planquées dans le fond de mon sac. Elle s’appelle Paloma, une espagnole originaire de Madrid qui s’est installé à Mascate avec son mari voilà deux ans. Nous attendons Sihem, sa collègue, toutes deux doivent m’accompagner pour mes premiers pas dans la capitale omanaise. Nous nous rendons aussitôt jusqu’à la mosquée du Sultant Qabous, en empruntant l’avenue du Sultan Qabous qui débouche ensuite sur celle du 18 novembre. Notons que le 18 novembre marque la date anniversaire de la prise du pouvoir par le sultan à son père. Qabous est très populaire ici, me raconte Sihem. Il a énormément œuvré pour l’ouverture du pays et pour son peuple. Il est vrai que le sultan sait se montrer très généreux puisqu’il offre à chaque omanais un lopin de terre dans le pays, et aux tribus une concession à exploiter, que ces dernières s’empressent de revendre à des industriels souvent anglais, pour en tirer un maximum de bénéfices. Les anciens révolutionnaires du Dhofar vous diront qu’il a vendu la pays aux britanniques pour rétablir la paix, mais qu’importe. Aujourd’hui le sultanat semble sur la bonne voix. Je croise un bangladais sur le port, à qui je demande comment se passe la vie d’expatrié ici. Il me répond que tout va bien et qu’il a une bien meilleure situation qu’au Bangladesh, si tant est que le pays soit une référence. Mais il est vrai qu’entre la dictature du sultan Saïd et la démocratie à parti unique du fils Qabous, le pays a déjà fait un sacré bout de chemin.

A la grande mosquée

La grande mosquée de Mascate trône au milieu des plaines arides comme un ovni imposant, à la fois magique et impressionnante par son gigantisme presque insolant. La salle de prière réservée aux hommes accueillait jusqu’à il y a peu le plus grand tapis tissé au monde, qu’on avait dû acheminé en différentes pièces par bateau depuis l’Iran. Le vendredi, la mosquée accueille parfois jusqu’à 20000 fidèles, dont certains prient dehors, me confie Sihem. Je m’interroge sur la différence de taille entre la salle réservée aux hommes et celle des femmes, qui ne peut contenir que 700 fidèles. Elle est plus petite parce que les femmes ont le droit de prier à la maison, pour s’occuper des enfants, me répond Sihem. Quant au fait qu’hommes et femmes soient séparés, c’est simplement parce que l’homme ne doit en aucun cas être distrait pendant la prière, pour pouvoir se consacrer entièrement à dieu.

mosquee sultan qabous

Dans une petite bibliothèque près de l’entrée, l’on peut venir après la visite pour partager un café et manger quelques dattes. Le café omanais ressemblent plus à du thé qu’à du café. On l’infuse à peine si bien que l’on obtient un breuvage léger à la couleur claire, avec un fin goût de café, quelques épices et beaucoup de sucre. Mais ce n’est finalement pas trop mal. Une sœur s’enquiert auprès de moi de ma connaissance de l’Islam et s’empresse de me dégoter plusieurs prospectus relatant les mentions de Jésus dans l’Islam. Elle m’offre aussi une traduction complète des versets du Coran en français. Le ton est donné !

La ville de Mascate se subdivisent en une dizaine de petits quartiers, qui forment chacun une petite ville au caractère particulier. Ils sont nichés au creux d’immenses montagnes qui surplombent la mer. Leur couleurs et leurs formes m’évoquent une certaine désolation, un territoire aride et inhospitalier où plus rien ne pousse ni ne survit. On croirait des bestioles qui courbent l’échine, sorte de géants mi-dragon, mi-bête sauvage. Les flancs des montagnes sont striées de plusieurs couches de roches fossilisées qui semblent poreuses, massives mais douces, comme si l’on pouvait les caresser. Ce panorama est traversé de larges autoroutes à trois ou quatre voies qui s’entremêlent et partent dans toutes les directions, pour relier chaque quartier de la ville.

Dans le marché aux poissons de Mutrah

Nous pénétrons dans Mutrah par la voie rapide, en passant à vive allure sous l’immense porche qui marque l’entrée de la ville et poursuit sur l’avenue Al-Mina, jusqu’au front de mer. L’ancien port marchand est en train d’être progressivement démonté pour laisser place à une marina de plaisance, semblable à celles de Doha ou Dubaï, et capable d’accueillir yachts et paquebots de croisière. Paloma m’entraîne vers le fond du marché, derrière les docks un petit chemin mène à un ponton qui offre une vue splendide sur toute la corniche. Mon petit lieu secret, me confie-t-elle. Deux gamins qui embarquent des cageots de poissons sur un bateau à moteur m’interpellent sèchement pour me demander de couper ma caméra, ils ne souhaitent pas être filmés visiblement. Je ressens la fatigue monter d’un cran, le pont n’est pas stable et balance au gré du clapotis des vagues. J’ai presque du mal à garder l’équilibre. Sous une immense halle en tôle, les pêcheurs ont disposé à même le sol les poissons du jour. Des paniers entiers de sardines frétillantes, de gigantesques thons blancs et rouges à l’œil encore hagard, des crevettes royales tentant de s’évader à coup de pinces, le tout vendu à la criée au plus offrant. Mais avec la fatigue les odeurs fortes de poissons commencent à m’incommoder, je n’arrive plus à profiter de l’instant, d’autant que la nausée monte lentement. Nous écourtons la visite, de toute manière le parcours est minuté, nous n’avons pas le temps de nous attarder. De retour sur le parking, Sihem a mystérieusement disparu, elle est introuvable et ne répond même plus au téléphone. Nous la voyons réapparaître quinze minutes plus tard, les bras chargés de sacs remplis de poissons et de dattes fraîches.

corniche mutrah

Il est presque treize heures et je sens qu’il est temps pour moi de rentrer me reposer à l’hôtel, je pense qu’elle l’ont deviné à ma tête et me proposent de remettre à cet après-midi la visite du souk de Mutrah. Nous reprenons la highway, comme aime à le répéter Sihem, et remontons en direction de l’aéroport jusqu’au quartier de Al Qurum, à la recherche d’un établissement nommé Beach Hôtel. Mais problème, pas moins de trois adresses dans ce même quartier ont choisi ce nom qui n’a, il faut bien le dire, rien de très original. A la première adresse, nous faisons choux blanc. Paul Engel vous dîtes, inconnu au bataillon. Même chose sur le deuxième, je sens l’anxiété monter sur le visage des deux femmes. Sihem est déjà au téléphone avec l’homme du ministère de tourisme qui a fait les réservations la semaine passée. C’est toujours la même chose avec eux, me dit-elle. Vous leur demandez quelque-chose et à chaque fois ils vous répondent “Inch Allah”. Et là vous êtes sûr que c’est le début de la galère. C’est comme quand un omanais te dis attends, je reviens dans cinq minutes ! Tu es sûr d’en avoir pour vingt minutes au moins ! L’hôtel réservé pour moi était le Qurum Beach Hôtel, deuxième sur la liste, celui où le réceptionniste nous avait gentiment envoyé balader. Paloma le rappelle et se fait presque rabrouer pour n’avoir pas attendu plus longtemps devant la porte. Le type du ministère lui a certainement passé un savon et l’homme, sûrement vexé comme un poux, se défoule encore sur nous. Me voilà enfin dans ma chambre, il est 14h30, je n’ai pas mangé, encore moins dormi et j’ai rendez-vous dans une heure trente pour terminer la visite, mais ça c’est une autre histoire.

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7 Comments

  1. Eve
    27 septembre 2015 @ 10:49

    Chouette récit qui me rappelle de très beaux souvenirs… Il ne faut pas manquer également le souk de Mutrah, la route des forts, le désert de Wahiba, les trésors de Salalah, les fjords de Musandam… Et tellement plus encore! Oman est définitivement un pays à découvrir! 🙂

    Reply

    • Petits Voyageurs
      28 septembre 2015 @ 5:09

      Merci Eve ! La suite est à venir dans les prochains articles ! Je suis actuellement au Jebel Akhdar… Incroyable aussi ! Et vous avez raison, Oman est un pays qu’il faut absolument visiter !

      Reply

  2. Edwige
    3 octobre 2015 @ 4:46

    J’ai adoré lire cet article écrit comme un roman… Joli blog que je découvre aujourd’hui, et avec quelques photos de plus ce serait vraiment parfait!

    Reply

    • Petits Voyageurs
      4 octobre 2015 @ 8:21

      Merci pour ce retour ! Effectivement il n’y a pas beaucoup de photos dans mes articles. C’est mon approche du carnet de voyage, j’aime mettre l’accent sur les textes pour susciter l’imaginaire ! C’est mon truc, mais je note la remarque !

      Reply

  3. solene
    6 mars 2016 @ 4:25

    Je n’avais pas encore commencé à lire ton carnet de voyage sur oman et je suis ravie je vais tout lire d’un coup je crois! Tes récits sont vraiment vivants j’adore !

    Reply

    • Petits Voyageurs
      8 avril 2016 @ 9:24

      Merci beaucoup Solène, ton retour me fait bien plaisir car c’est exactement le ton que je souhaite donner à mes récits !

      Reply

  4. Joude
    10 mars 2019 @ 10:48

    Bonjour
    Super!!
    Ça donne envie
    Merci !
    Est que à Mascate on peut avoir un sentiment d’etre libre étant femme catholique et républicaine ???
    Merci

    Reply

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