Cottage & Pottage, c’est le récit complet, détaillé et sans trucage de mon voyage en Irlande. Je vous délivre ici mes notes, prises tout au long de mon road trip le soir avant de manger, ou au petit matin en buvant mon café. Si vous recherchez des informations pratiques et censées sur mon voyage, je vous conseille plutôt de vous reporter à l’article bilan de mon road trip en Irlande.
Prologue
Temps de chien sur les côtes irlandaises. La baie de Dublin se dessine timidement dans la grisaille alors que l’avion amorce une descente vers la piste de l’aéroport international. Heureusement que le pilote connaît sa partition sur le bout des doigts, car il doit naviguer à l’aveuglette. Léger haut le coeur, sursaut lent de la carlingue, l’appareil vient juste de se poser au sol. Nous filons à travers un dédale de couloirs, le rituel habituel de tous les aéroports du monde.
Traversée des faubourgs de la ville. Alignements parfaits de maisons ouvrières aux façades rouges brique filants jusqu’à O’Connell Street, une large avenue qui descend droit sur les rives de la Liffey. Nous laissons le bus à peu près à hauteur de la poste centrale. Un crachin fugace me gifle les joues et le vent emporte avec lui la capuche de mon manteau, dont j’ai remonté le col jusqu’à hauteur de bouche. Débarquer sur Gardiner Lower Street et sa succession de portes géorgiennes colorées nous plonge en direct dans l’ambiance de la ville.
N’ayant pas jugé utile sur le moment de prendre une photo du brouillard depuis le bus (ni même des portes géorgiennes d’ailleurs), je vous propose en illustration d’ouverture une photo du Butt Bridge en plein soleil. Hors sujet me direz-vous ? Mais attendez de lire la suite…
On remerciera George Moore et Oliver St John Gogarty, écrivains irlandais du début du XXème, d’avoir eu l’ingénieuse idée de peindre leur porte d’une couleur criarde. Voisins à l’époque, cela leur aurait semble-t-il permis d’éviter de s’emmêler les pinceaux, en rentrant du pub un peu trop éméché. C’est tout du moins ce que raconte l’histoire (quel genre d’histoire par contre je ne saurais le dire). Gardiner Lower Street est visiblement devenue la rue des routards, les pensions ont ici pignon sur rue. Nous logeons à l’Hazelbrook House dans une chambre exiguë donnant sur cour. On peut tout juste faire le tour du lit à pied, mais au moins il y a une petite terrasse pour fumer. Nous ressortons après avoir bu un thé bien chaud et enfilé une paire de chaussettes supplémentaire. Achetons deux parapluies dans un bazar chinois avant de prendre la direction du parlement.
Note à moi-même : ces bazars asiatiques sont d’une incroyable efficacité. Je me souviens d’un jour à Barcelone, ville où il ne pleut jamais, la boutique au coin de la rue avait réussi à se faire livrer un stock monstre de parapluie en moins de deux heures, alors qu’un orage sans précédent s’abattait sur la ville.
Un Irish Stew près de Temple bar
Nous remontons les quais avant de s’engouffrer dans une ruelle pavée qui mène au coeur de Temple Bar. Le quartier reste fidèle à sa réputation : jeune, cosmopolite et rempli de pubs irlandais qu’on a déjà presque tous vus en photographies. J’y reviendrai ce soir. Au H&M sur College Green, nous avons acheté une nouvelle paire de gants, la nuit tombe et la température est plutôt glaciale.
Les boutiques de luxe de Graffon Street ont mis les petits plats dans les grands pour préparer les fêtes de fin d’année. L’atmosphère de Noël est déjà bien présente dans les vitrines et dans les rues, même si toutes les illuminations n’ont pas encore été installées. Un imposant shopping center a remplacé depuis longtemps l’ancien Dandelion Market cher au mouvement punk, où le groupe U2 donna quelque-uns de ses premiers concerts.
Le crachin se transforme en pluie alors que nous poussons la porte du pub The Hairy Lemon. Derrière sa devanture miniature se cache un univers en XXL, qui le soir venu doit certainement pouvoir contenir plusieurs centaines de personnes. En fin d’après-midi l’ambiance est encore calme, mais un écriteau accroché au mur du fond m’indique que durant la nuit, il doit s’y passer tout autre chose.
Danser comme si personne ne regardait, chanter comme si personne n’entendait, vivre comme si demain n’existait pas…
J’ai commandé un Irish Stew et une pinte de 5 Lamps en salivant déjà à l’idée du repas qui m’attendait. La cuisine irlandaise n’a rien à voir avec celle que l’on mange à Londres. Et elle n’a, à mon avis, rien à envier non plus à la gastronomie française. Les effluves du ragoût de mouton me chatouillent les narines, après 3 heures dans le froid c’est un orgasme à chaque bouchée. Et pourtant Dieu sait que le mouton n’est pas ma viande préférée, à cause de son goût savonneux. Mais là, il n’y a vraiment rien à redire, la viande est onctueuse. Elle fond dans un bouillon de légumes et se marie à la perfection à une épaisse purée maison.
Dans la nuit dublinoise
Près du Dublin Castle, l’ambiance est presque glaciale. Dans une ruelle sombre, une équipe de télévision règle les derniers détails d’un travelling à la lueur d’énormes spots de cinéma. Retour vers Temple Bar en passant près du théâtre de l’Olympia, où l’on pourrait se croire à Paris pour un instant. La soirée se terminera au pub à enchaîner les bocks (ou plutôt les pintes) en regardant les pas hésitants d’une poignée d’inconnus, venus assister à un cours de danse irlandaise.
Le jour et la nuit
A Dublin, quelques rayons de soleil suffisent à travestir entièrement la ville. Hier le gris me happait, aujourd’hui le blanc m’aveugle. C’est certainement tout le contraste de l’île d’Irlande. La veille je grelotais sous un manteau, ce matin je me verrais presque dans un simple t-shirt. J’ai croisé une caravane à café alors que nous filions droit vers le Trinity College en passant par Butt Bridge. Au milieu du parc de l’université trône la statue de Georges Salmon. Prévôt en son temps, il doit regarder d’un œil circonspect la mixité des élèves du collège qui, à l’époque, n’accueillait que des hommes blancs et parlant anglais.
Coup de coeur pour les immeubles de briques de Drury Street et le George’s Street Arcade, même si nous apprenons à l’instant que Donald Trump vient de remporter l’élection américaine. « No they don’t » peut-on lire un peu partout dans les rues de la ville. Nous achetons une bague en argent dans une échoppe du marché, avant de filer vers la cathédrale Saint-Patrick, patron d’Irlande.
Nous remontons la très branchée William’s Street qui pullule de boutiques vintage, de restaurants vegan et de bars à la mode, en direction de Golden Lane. Les pelouses du parc Saint Patrick sont envahies d’enfants s’affrontant dans d’interminables parties de football. Un mercredi matin presque printanier à Dublin, alors que nous sommes en plein mois de novembre. Midi déjà sonne, le temps d’avaler un kebab (je ne mange jamais de kebab, mais ceux de Zaytoon sur Parliament Street sont divins), puis d’aller récupérer une voiture pour filer à la campagne.
MENU DU JOUR
Irish Stew (ragoût d’agneau à l’irlandaise)
Ingrédients (pour 2 personnes)
750 g de collier d’agneau
2 oignons
2 carottes
30 cl de bouillon de volaille ou de boeuf
2 bonnes pommes de terre
7 g de beurre
1 demi cuiller à café de persil haché
1 demi cuiller à café de ciboulette
sel et poivre
L’Irish Stew est l’un des plats emblématiques d’Irlande. On le déguste pour la Saint-Patrick mais également tout au long de l’année, notamment dans les pubs. C’est un plat de viande mijotée à base d’agneau qui tient au corps comme on dit.
Couper l’agneau en morceau en enlevant le gras, puis le faire revenir dans une cocotte à feu vif. Détailler les oignons et les carottes en tranche puis les ajouter à la viande. Bien remuer jusqu’à ce que l’agneau soit doré sur chaque face. Ajouter enfin le bouillon, le sel et le poivre. Laisser le tout mijoter à feux doux durant deux heures au moins. A mi-cuisson, ajouter les pommes de terre. Lorsque la viande est cuite, extraire le bouillon et le mettre à refroidir pour récupérer le gras. Le remettre dans la cocotte avec du beurre, le persil et la ciboulette avec la viande et réchauffer. Vous pouvez servir, c’est prêt !
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Et si Dublin n’était que de brique et de bock ?
Cottage & Pottage, c’est le récit complet, détaillé et sans trucage de mon voyage en Irlande. Je vous délivre ici mes notes, prises tout au long de mon road trip le soir avant de manger, ou au petit matin en buvant mon café. Si vous recherchez des informations pratiques et censées sur mon voyage, je vous conseille plutôt de vous reporter à l’article bilan de mon road trip en Irlande.
Prologue
Temps de chien sur les côtes irlandaises. La baie de Dublin se dessine timidement dans la grisaille alors que l’avion amorce une descente vers la piste de l’aéroport international. Heureusement que le pilote connaît sa partition sur le bout des doigts, car il doit naviguer à l’aveuglette. Léger haut le coeur, sursaut lent de la carlingue, l’appareil vient juste de se poser au sol. Nous filons à travers un dédale de couloirs, le rituel habituel de tous les aéroports du monde.
Traversée des faubourgs de la ville. Alignements parfaits de maisons ouvrières aux façades rouges brique filants jusqu’à O’Connell Street, une large avenue qui descend droit sur les rives de la Liffey. Nous laissons le bus à peu près à hauteur de la poste centrale. Un crachin fugace me gifle les joues et le vent emporte avec lui la capuche de mon manteau, dont j’ai remonté le col jusqu’à hauteur de bouche. Débarquer sur Gardiner Lower Street et sa succession de portes géorgiennes colorées nous plonge en direct dans l’ambiance de la ville.
N’ayant pas jugé utile sur le moment de prendre une photo du brouillard depuis le bus (ni même des portes géorgiennes d’ailleurs), je vous propose en illustration d’ouverture une photo du Butt Bridge en plein soleil. Hors sujet me direz-vous ? Mais attendez de lire la suite…
On remerciera George Moore et Oliver St John Gogarty, écrivains irlandais du début du XXème, d’avoir eu l’ingénieuse idée de peindre leur porte d’une couleur criarde. Voisins à l’époque, cela leur aurait semble-t-il permis d’éviter de s’emmêler les pinceaux, en rentrant du pub un peu trop éméché. C’est tout du moins ce que raconte l’histoire (quel genre d’histoire par contre je ne saurais le dire). Gardiner Lower Street est visiblement devenue la rue des routards, les pensions ont ici pignon sur rue. Nous logeons à l’Hazelbrook House dans une chambre exiguë donnant sur cour. On peut tout juste faire le tour du lit à pied, mais au moins il y a une petite terrasse pour fumer. Nous ressortons après avoir bu un thé bien chaud et enfilé une paire de chaussettes supplémentaire. Achetons deux parapluies dans un bazar chinois avant de prendre la direction du parlement.
Un Irish Stew près de Temple bar
Nous remontons les quais avant de s’engouffrer dans une ruelle pavée qui mène au coeur de Temple Bar. Le quartier reste fidèle à sa réputation : jeune, cosmopolite et rempli de pubs irlandais qu’on a déjà presque tous vus en photographies. J’y reviendrai ce soir. Au H&M sur College Green, nous avons acheté une nouvelle paire de gants, la nuit tombe et la température est plutôt glaciale.
Les boutiques de luxe de Graffon Street ont mis les petits plats dans les grands pour préparer les fêtes de fin d’année. L’atmosphère de Noël est déjà bien présente dans les vitrines et dans les rues, même si toutes les illuminations n’ont pas encore été installées. Un imposant shopping center a remplacé depuis longtemps l’ancien Dandelion Market cher au mouvement punk, où le groupe U2 donna quelque-uns de ses premiers concerts.
Le crachin se transforme en pluie alors que nous poussons la porte du pub The Hairy Lemon. Derrière sa devanture miniature se cache un univers en XXL, qui le soir venu doit certainement pouvoir contenir plusieurs centaines de personnes. En fin d’après-midi l’ambiance est encore calme, mais un écriteau accroché au mur du fond m’indique que durant la nuit, il doit s’y passer tout autre chose.
J’ai commandé un Irish Stew et une pinte de 5 Lamps en salivant déjà à l’idée du repas qui m’attendait. La cuisine irlandaise n’a rien à voir avec celle que l’on mange à Londres. Et elle n’a, à mon avis, rien à envier non plus à la gastronomie française. Les effluves du ragoût de mouton me chatouillent les narines, après 3 heures dans le froid c’est un orgasme à chaque bouchée. Et pourtant Dieu sait que le mouton n’est pas ma viande préférée, à cause de son goût savonneux. Mais là, il n’y a vraiment rien à redire, la viande est onctueuse. Elle fond dans un bouillon de légumes et se marie à la perfection à une épaisse purée maison.
Dans la nuit dublinoise
Près du Dublin Castle, l’ambiance est presque glaciale. Dans une ruelle sombre, une équipe de télévision règle les derniers détails d’un travelling à la lueur d’énormes spots de cinéma. Retour vers Temple Bar en passant près du théâtre de l’Olympia, où l’on pourrait se croire à Paris pour un instant. La soirée se terminera au pub à enchaîner les bocks (ou plutôt les pintes) en regardant les pas hésitants d’une poignée d’inconnus, venus assister à un cours de danse irlandaise.
Le jour et la nuit
A Dublin, quelques rayons de soleil suffisent à travestir entièrement la ville. Hier le gris me happait, aujourd’hui le blanc m’aveugle. C’est certainement tout le contraste de l’île d’Irlande. La veille je grelotais sous un manteau, ce matin je me verrais presque dans un simple t-shirt. J’ai croisé une caravane à café alors que nous filions droit vers le Trinity College en passant par Butt Bridge. Au milieu du parc de l’université trône la statue de Georges Salmon. Prévôt en son temps, il doit regarder d’un œil circonspect la mixité des élèves du collège qui, à l’époque, n’accueillait que des hommes blancs et parlant anglais.
Coup de coeur pour les immeubles de briques de Drury Street et le George’s Street Arcade, même si nous apprenons à l’instant que Donald Trump vient de remporter l’élection américaine. « No they don’t » peut-on lire un peu partout dans les rues de la ville. Nous achetons une bague en argent dans une échoppe du marché, avant de filer vers la cathédrale Saint-Patrick, patron d’Irlande.
Nous remontons la très branchée William’s Street qui pullule de boutiques vintage, de restaurants vegan et de bars à la mode, en direction de Golden Lane. Les pelouses du parc Saint Patrick sont envahies d’enfants s’affrontant dans d’interminables parties de football. Un mercredi matin presque printanier à Dublin, alors que nous sommes en plein mois de novembre. Midi déjà sonne, le temps d’avaler un kebab (je ne mange jamais de kebab, mais ceux de Zaytoon sur Parliament Street sont divins), puis d’aller récupérer une voiture pour filer à la campagne.
MENU DU JOUR
Irish Stew (ragoût d’agneau à l’irlandaise)
Ingrédients (pour 2 personnes)
L’Irish Stew est l’un des plats emblématiques d’Irlande. On le déguste pour la Saint-Patrick mais également tout au long de l’année, notamment dans les pubs. C’est un plat de viande mijotée à base d’agneau qui tient au corps comme on dit.
Couper l’agneau en morceau en enlevant le gras, puis le faire revenir dans une cocotte à feu vif. Détailler les oignons et les carottes en tranche puis les ajouter à la viande. Bien remuer jusqu’à ce que l’agneau soit doré sur chaque face. Ajouter enfin le bouillon, le sel et le poivre. Laisser le tout mijoter à feux doux durant deux heures au moins. A mi-cuisson, ajouter les pommes de terre. Lorsque la viande est cuite, extraire le bouillon et le mettre à refroidir pour récupérer le gras. Le remettre dans la cocotte avec du beurre, le persil et la ciboulette avec la viande et réchauffer. Vous pouvez servir, c’est prêt !
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