Depuis Negombo, on rejoint facilement la capitale en empruntant le Colombo Commuter, sorte de train de banlieue reliant toutes les bourgades de la région. La machine, comme toute celles du pays, avance avec une lenteur extrême. Quarante kilomètres de moyenne, toutes portes ouvertes. Elles ne fonctionnent plus depuis longtemps, tellement les wagons semblent vétustes. Les passagers prennent place sur deux rangées de bancs qui se font face sur toute la longueur de la voiture. Il fait évidemment une chaleur étouffante dans les compartiments et l’allure du train ne suffit même pas à faire circuler l’air par les fenêtres ou les portes. On vient de dépasser midi.
A chaque passage en gare, une ribambelle de mendiants et de mutilés montent à bord pour demander l’aumône. Je manque de tourner de l’oeil au passage d’une vieille femme qui exhibent une jambe ayant un peu près la physionomie d’un rôti sans ficelle. Sans doute une victime des mines anti-personnelles héritées des 26 ans de guerre civile qui déchirèrent la pays jusqu’en 2009. A l’approche de la ville, le train est littéralement bondé. Je suffoque. Mon dieu, mais faites que l’on arrive enfin. Devant nous défilent toujours ces mêmes mendigots qui déblatèrent leurs prières ou vous secouent leurs tickets de loterie au visage.
Deux heures et une trentaine de kilomètres plus tard, nous voici sous la nef de Colombo Fort qui semble prête à s’écrouler, tant les pilonnes qui la soutiennent sont dévorés par la rouille. Nous nous laissons porter par le flot des passagers qui se déverse sur le parvis, face au marché de Pettah.
A peine une minute est passée que déjà, des chauffeurs de triporteurs et des rabatteurs en tout genre nous sautent dessus pour nous proposer une course, une visite, un hôtel ou je ne sais quoi encore. Nous fuyons en direction du quartier du Fort. Nous serions bien montés dans un bus mais ils sont bondés, près à s’écrouler, et de toute manière toutes les indications sont en cinghalais. Et toujours ces satanés vendeurs qui nous harcèlent. Stop ! Il faut que ça s’arrête. Nous finissons par arrêter un bajaj qui nous déposera vers Galle Road, à l’entrée de l’hôtel Julliana où nous passerons la nuit.
Le lendemain, nous retournons à la gare du Fort où nous achetons des billets pour le train de nuit du soir. En enjambant la passerelle juste à l’avant de la gare, nous nous retrouvons directement dans le bazar de Pettah, le plus vieux quartier commerçant de la ville. Une vrai fourmilière dans un quartier aux ruelles étouffées par les enseignes publicitaires et les magasins. Le marché occupe tout le quartier, en face les lunettes et les fringues, sur l’autre trottoir les téléphones mobiles ou les ordinateurs, au coeur du quartier les boutiques ayurvéda et sous la grande halle un marché de fruits et légumes. Mais il fait déjà bien trop chaud pour faire les boutiques.
Nous traversons le canal en direction du Fort en nous arrêtant à l’ADE, une grande cantine, type self service, ou l’on peut se restaurer d’un curry à déguster à la main. Heureusement, les voyageurs on le droit à des couverts. C’est dans cette partie de la ville que l’on est censé pouvoir admirer les plus beau vestiges de la ville coloniale telle qu’elle était au début du siècle dernier. Mais finalement, à part le siège de Cargills, il n’y a pas grand chose à voir. Nous redescendons vers Galle Face Green et sautons dans un triporteur en direction de Cinnamon Garden.
Dans le voisinage de Cinamon Garden, des villas luxueuses et coquettes, séparées par des jardins, abritent toute la colonie européenne. Il y a là des nids délicieux, perdus dans la verdure et les fleurs, où l’on rêverait de cacher quelque temps, loin du monde, un bonheur ignoré.
Revue des deux mondes, 1903
«Regardez notre Maison Blanche !» ne manque pas de placer notre chauffeur alors que nous passons devant l’ancien Hôtel de Ville de Colombo. Il nous dépose près du parc Viharamadevi, au niveau de l’entrée du Musée National. Nous prenons la direction du théâtre Nelum Pokuna Mahinda Rajapaksa. Un bâtiment à l’architecture étrange, mi fleur, mi antenne satellite. Pas moche en soit, mais surprenant. Il fait tellement chaud, qu’après vingt minutes nous n’avons qu’une idée en tête, trouver un endroit où boire un verre au frais.
En fin d’après-midi, nous atterrissons sur les berges du lac Beira. A la nuit tombée, depuis le ponton d’un petit centre de méditation, nous regardons la surface de l’eau sur laquelle s’imprime toutes les lumières de la ville. Une image magique de Colombo. Une impression de calme alors que tout autour de nous, les voitures filent à vive allure sur les triples voies qui ceinturent le lac.
Avant de regagner la gare, nous décidons d’aller boire un verre au Grand Oriental Hôtel, l’un des fleurons de l’hôtellerie de luxe au début du vingtième. Mais ce soir, le restaurant du huitième est totalement vide. Nous buvons un cola face à l’immense port de Colombo tout illuminé. La capitainerie parait minuscule au milieu d’une armada de cargos chargés de containers rouillés.
Vers 22 heures, nous sommes sur le quai de la gare, prêt à monter dans le train de nuit, direction Trincomalee…
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Colombo, entre fournaise et agitation
Depuis Negombo, on rejoint facilement la capitale en empruntant le Colombo Commuter, sorte de train de banlieue reliant toutes les bourgades de la région. La machine, comme toute celles du pays, avance avec une lenteur extrême. Quarante kilomètres de moyenne, toutes portes ouvertes. Elles ne fonctionnent plus depuis longtemps, tellement les wagons semblent vétustes. Les passagers prennent place sur deux rangées de bancs qui se font face sur toute la longueur de la voiture. Il fait évidemment une chaleur étouffante dans les compartiments et l’allure du train ne suffit même pas à faire circuler l’air par les fenêtres ou les portes. On vient de dépasser midi.
A chaque passage en gare, une ribambelle de mendiants et de mutilés montent à bord pour demander l’aumône. Je manque de tourner de l’oeil au passage d’une vieille femme qui exhibent une jambe ayant un peu près la physionomie d’un rôti sans ficelle. Sans doute une victime des mines anti-personnelles héritées des 26 ans de guerre civile qui déchirèrent la pays jusqu’en 2009. A l’approche de la ville, le train est littéralement bondé. Je suffoque. Mon dieu, mais faites que l’on arrive enfin. Devant nous défilent toujours ces mêmes mendigots qui déblatèrent leurs prières ou vous secouent leurs tickets de loterie au visage.
Deux heures et une trentaine de kilomètres plus tard, nous voici sous la nef de Colombo Fort qui semble prête à s’écrouler, tant les pilonnes qui la soutiennent sont dévorés par la rouille. Nous nous laissons porter par le flot des passagers qui se déverse sur le parvis, face au marché de Pettah.
A peine une minute est passée que déjà, des chauffeurs de triporteurs et des rabatteurs en tout genre nous sautent dessus pour nous proposer une course, une visite, un hôtel ou je ne sais quoi encore. Nous fuyons en direction du quartier du Fort. Nous serions bien montés dans un bus mais ils sont bondés, près à s’écrouler, et de toute manière toutes les indications sont en cinghalais. Et toujours ces satanés vendeurs qui nous harcèlent. Stop ! Il faut que ça s’arrête. Nous finissons par arrêter un bajaj qui nous déposera vers Galle Road, à l’entrée de l’hôtel Julliana où nous passerons la nuit.
Le lendemain, nous retournons à la gare du Fort où nous achetons des billets pour le train de nuit du soir. En enjambant la passerelle juste à l’avant de la gare, nous nous retrouvons directement dans le bazar de Pettah, le plus vieux quartier commerçant de la ville. Une vrai fourmilière dans un quartier aux ruelles étouffées par les enseignes publicitaires et les magasins. Le marché occupe tout le quartier, en face les lunettes et les fringues, sur l’autre trottoir les téléphones mobiles ou les ordinateurs, au coeur du quartier les boutiques ayurvéda et sous la grande halle un marché de fruits et légumes. Mais il fait déjà bien trop chaud pour faire les boutiques.
Nous traversons le canal en direction du Fort en nous arrêtant à l’ADE, une grande cantine, type self service, ou l’on peut se restaurer d’un curry à déguster à la main. Heureusement, les voyageurs on le droit à des couverts. C’est dans cette partie de la ville que l’on est censé pouvoir admirer les plus beau vestiges de la ville coloniale telle qu’elle était au début du siècle dernier. Mais finalement, à part le siège de Cargills, il n’y a pas grand chose à voir. Nous redescendons vers Galle Face Green et sautons dans un triporteur en direction de Cinnamon Garden.
«Regardez notre Maison Blanche !» ne manque pas de placer notre chauffeur alors que nous passons devant l’ancien Hôtel de Ville de Colombo. Il nous dépose près du parc Viharamadevi, au niveau de l’entrée du Musée National. Nous prenons la direction du théâtre Nelum Pokuna Mahinda Rajapaksa. Un bâtiment à l’architecture étrange, mi fleur, mi antenne satellite. Pas moche en soit, mais surprenant. Il fait tellement chaud, qu’après vingt minutes nous n’avons qu’une idée en tête, trouver un endroit où boire un verre au frais.
En fin d’après-midi, nous atterrissons sur les berges du lac Beira. A la nuit tombée, depuis le ponton d’un petit centre de méditation, nous regardons la surface de l’eau sur laquelle s’imprime toutes les lumières de la ville. Une image magique de Colombo. Une impression de calme alors que tout autour de nous, les voitures filent à vive allure sur les triples voies qui ceinturent le lac.
Avant de regagner la gare, nous décidons d’aller boire un verre au Grand Oriental Hôtel, l’un des fleurons de l’hôtellerie de luxe au début du vingtième. Mais ce soir, le restaurant du huitième est totalement vide. Nous buvons un cola face à l’immense port de Colombo tout illuminé. La capitainerie parait minuscule au milieu d’une armada de cargos chargés de containers rouillés.
Vers 22 heures, nous sommes sur le quai de la gare, prêt à monter dans le train de nuit, direction Trincomalee…
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