Cinq jours que la brume n’est pas remontée vers le ciel, 120 heures déjà que je n’ai plus senti un seul rayon de soleil sur ma peau. Ambiance morose chez Ana et Tham. Même sentiment de découragement que les jours précédents, alors que j’ouvrais les volets au petit matin et que je regardais endirection de Ninh Binh.
Au petit-déjeuner l’ambiance est électrique, je pars au quart de tour comme dans un opéra italien, oscillant entre exaspération et larme au coin de l’œil. Je ne maîtrise plus rien, les émotions me percutent de toute leur force, en laissant apparaître sur mon visage une expression à faire peur. Puis comme toujours après une heure ou deux, la pression redescend doucement, une fois mon pancake et mon café avalés.
Dans la cour de l’hôtel, Ana nous donne un cours de conduite sur un vieux cyclo 125. Un aller retour en moins de trois minutes et l’affaire est dans le sac. Bien enveloppés dans nos imperméables à l’air de toiles cirées, nous prenons la route pour Hoa Lu, l’ancienne capitale du royaume de Tonkin. 11 kilomètres que nous devrions normalement parcourir en une demi-heure, mais ça c’était sur le papier…
Road-trip dans les campagnes de Ninh Binh
Sous une bruine continue, nous filons vers Ninh Binh en passant près de la rivière Tam Coc, pour atteindre la double voie qui pénètre en ville. Nous cherchons une petite route que nous avait indiquée une commerçante du village, sur la gauche après une petite maison jaune. Mais excepté un large chemin boueux, il n’y a rien par ici. Nous abandonnons cette option après avoir failli glisser la tête la première dans une rizière.
Nous poursuivons notre route au milieu de complexes hôteliers en construction qui infectent peu à peu l’image de carte postale du coin, comme d’immenses plaies béantes. Dans quelques années, on fera peut-être sauter les pains de sucre de Tam Coc pour y construire des restaurants panoramiques, capables de servir 15000 clients à l’heure, et sans trop attendre s’il vous plaît ! On remplacera aussi les barques et les batelières par des canots à moteur pour gagner encore du temps sur l’étape, et ainsi pouvoir visiter Tam Coc et Hanoï dans la même journée. Fort heureusement, nous n’en sommes pas encore là, je divague un peu…
Nous roulons sur la nouvelle voie rapide qui contourne Ninh Binh par l’ouest. Toujours en chantier, elle n’apparaît même pas encore sur les cartes. Le Vietnam est un pays en plein développement, et question routes et itinéraires, il réserve souvent des surprises. Alternance de gravier, de béton et de boue, la route déchire entièrement la campagne en une large coulure de gravas. Il n’y a pas un chat, mis à part quelques camions qui cherchent à éviter le centre-ville.
Je galère avec les vitesses de ma bécane qui sursaute tous les dix mètres, lorsque par erreur je rétrograde sans le vouloir. J’ai déjà la moitié d’une jambe recouverte de boue, alors que le crachin me fouette le visage et que les gouttes s’engouffrent peu à peu sous mon imperméable, jusque dans les replis de mon jean.
La foule des grands jours aux grottes de Trang An
Nous quittons ce chantier après 3 kilomètres en prenant la direction de Xuan, un petit hameau perdu qui paraît un brin triste en ce jour de pluie. Nous faisons une pause devant l’entrée de la pagode du village, restée désespérément vide aujourd’hui. Nous fumons une cigarette alors que l’on entend les hurlements à mort d’un cochon que l’on est probablement en train d’égorger dans l’étable attenante.
Nous nous pressons maintenant pour rejoindre la route principale qui file vers Trang An, elle est embouteillée sur des centaines de mètres. Plusieurs dizaines de bus et de voitures cherchent à stationner sur les parkings alentours. C’est jour de fête et les vietnamiens sont nombreux à venir ici, pour passer un moment en famille. De la musique résonne depuis l’intérieur d’une pagode où est venue se masser une foule compacte de vacanciers et de badauds.
Et le manège continue au niveau de l’embarcadère de la rivière Trang An. Je peux vous dire que la foule de ce jour est particulièrement impressionnante. On lit la joie sur les visages des familles, on se régale des éclats de rire des enfants. Mais il ne faut pas se déconcentrer maintenant, la circulation est dense et chaotique comme toujours au Vietnam. Et quand on n’a pas l’habitude, l’histoire peut rapidement mal se terminer.
Beauté intacte au détour d’un rocher
Nous nous sommes échappés de la route nationale en nous engouffrant rapidement le long d’un chemin se tortillant à travers les falaises. Un plateau qui s’effondre, laissant apparaître un panorama déchiqueté de rochers à la couleur granit, qui viennent fendrent la brume au milieu des rizières et des marais. Miroirs d’eau qui inondent les environs de leur couleurs terre brûlée, orangée et bronze. Ici, la lumière est inhabituelle et presque tamisée, si bien que les massifs montagneux se détachent en clair obscure dans un contraste saisissant avec le vert pétaradant des rizières fraîchement plantées. Les sons nous parviennent déformés par l’écho, ils semblent irréels, dissonants, amplifiés à l’extrême lorsque qu’ils s’entrechoquent sur la paroi des pains de sucre.
La voilà enfin cette image de l’Asie éternelle que chacun recherche, un Vietnam qui semble ne pas avoir bougé d’un centimètre depuis des millénaires. Une carte postale qu’il est très difficile de débusquer, sauf à se perdre au hasard d’un chemin boueux, pour fuir une agitation devenue presque habituelle dans ce pays. Il suffit parfois de pas grand-chose pour changer son regard sur un pays, une ville ou un lieu. Il faut juste choisir la bonne route, au bon moment…
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Moto d’enfer dans les campagnes de Ninh Binh
Cinq jours que la brume n’est pas remontée vers le ciel, 120 heures déjà que je n’ai plus senti un seul rayon de soleil sur ma peau. Ambiance morose chez Ana et Tham. Même sentiment de découragement que les jours précédents, alors que j’ouvrais les volets au petit matin et que je regardais en direction de Ninh Binh.
Au petit-déjeuner l’ambiance est électrique, je pars au quart de tour comme dans un opéra italien, oscillant entre exaspération et larme au coin de l’œil. Je ne maîtrise plus rien, les émotions me percutent de toute leur force, en laissant apparaître sur mon visage une expression à faire peur. Puis comme toujours après une heure ou deux, la pression redescend doucement, une fois mon pancake et mon café avalés.
Dans la cour de l’hôtel, Ana nous donne un cours de conduite sur un vieux cyclo 125. Un aller retour en moins de trois minutes et l’affaire est dans le sac. Bien enveloppés dans nos imperméables à l’air de toiles cirées, nous prenons la route pour Hoa Lu, l’ancienne capitale du royaume de Tonkin. 11 kilomètres que nous devrions normalement parcourir en une demi-heure, mais ça c’était sur le papier…
Road-trip dans les campagnes de Ninh Binh
Sous une bruine continue, nous filons vers Ninh Binh en passant près de la rivière Tam Coc, pour atteindre la double voie qui pénètre en ville. Nous cherchons une petite route que nous avait indiquée une commerçante du village, sur la gauche après une petite maison jaune. Mais excepté un large chemin boueux, il n’y a rien par ici. Nous abandonnons cette option après avoir failli glisser la tête la première dans une rizière.
Nous poursuivons notre route au milieu de complexes hôteliers en construction qui infectent peu à peu l’image de carte postale du coin, comme d’immenses plaies béantes. Dans quelques années, on fera peut-être sauter les pains de sucre de Tam Coc pour y construire des restaurants panoramiques, capables de servir 15000 clients à l’heure, et sans trop attendre s’il vous plaît ! On remplacera aussi les barques et les batelières par des canots à moteur pour gagner encore du temps sur l’étape, et ainsi pouvoir visiter Tam Coc et Hanoï dans la même journée. Fort heureusement, nous n’en sommes pas encore là, je divague un peu…
Nous roulons sur la nouvelle voie rapide qui contourne Ninh Binh par l’ouest. Toujours en chantier, elle n’apparaît même pas encore sur les cartes. Le Vietnam est un pays en plein développement, et question routes et itinéraires, il réserve souvent des surprises. Alternance de gravier, de béton et de boue, la route déchire entièrement la campagne en une large coulure de gravas. Il n’y a pas un chat, mis à part quelques camions qui cherchent à éviter le centre-ville.
Je galère avec les vitesses de ma bécane qui sursaute tous les dix mètres, lorsque par erreur je rétrograde sans le vouloir. J’ai déjà la moitié d’une jambe recouverte de boue, alors que le crachin me fouette le visage et que les gouttes s’engouffrent peu à peu sous mon imperméable, jusque dans les replis de mon jean.
La foule des grands jours aux grottes de Trang An
Nous quittons ce chantier après 3 kilomètres en prenant la direction de Xuan, un petit hameau perdu qui paraît un brin triste en ce jour de pluie. Nous faisons une pause devant l’entrée de la pagode du village, restée désespérément vide aujourd’hui. Nous fumons une cigarette alors que l’on entend les hurlements à mort d’un cochon que l’on est probablement en train d’égorger dans l’étable attenante.
Nous nous pressons maintenant pour rejoindre la route principale qui file vers Trang An, elle est embouteillée sur des centaines de mètres. Plusieurs dizaines de bus et de voitures cherchent à stationner sur les parkings alentours. C’est jour de fête et les vietnamiens sont nombreux à venir ici, pour passer un moment en famille. De la musique résonne depuis l’intérieur d’une pagode où est venue se masser une foule compacte de vacanciers et de badauds.
Et le manège continue au niveau de l’embarcadère de la rivière Trang An. Je peux vous dire que la foule de ce jour est particulièrement impressionnante. On lit la joie sur les visages des familles, on se régale des éclats de rire des enfants. Mais il ne faut pas se déconcentrer maintenant, la circulation est dense et chaotique comme toujours au Vietnam. Et quand on n’a pas l’habitude, l’histoire peut rapidement mal se terminer.
Beauté intacte au détour d’un rocher
Nous nous sommes échappés de la route nationale en nous engouffrant rapidement le long d’un chemin se tortillant à travers les falaises. Un plateau qui s’effondre, laissant apparaître un panorama déchiqueté de rochers à la couleur granit, qui viennent fendrent la brume au milieu des rizières et des marais. Miroirs d’eau qui inondent les environs de leur couleurs terre brûlée, orangée et bronze. Ici, la lumière est inhabituelle et presque tamisée, si bien que les massifs montagneux se détachent en clair obscure dans un contraste saisissant avec le vert pétaradant des rizières fraîchement plantées. Les sons nous parviennent déformés par l’écho, ils semblent irréels, dissonants, amplifiés à l’extrême lorsque qu’ils s’entrechoquent sur la paroi des pains de sucre.
La voilà enfin cette image de l’Asie éternelle que chacun recherche, un Vietnam qui semble ne pas avoir bougé d’un centimètre depuis des millénaires. Une carte postale qu’il est très difficile de débusquer, sauf à se perdre au hasard d’un chemin boueux, pour fuir une agitation devenue presque habituelle dans ce pays. Il suffit parfois de pas grand-chose pour changer son regard sur un pays, une ville ou un lieu. Il faut juste choisir la bonne route, au bon moment…
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