Les chroniques du lac : petites histoires d’Atitlan

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Au cours de mon voyage au Guatemala, je suis resté une semaine durant sur les bords du lac Atitlan. Juste le temps qu’il faut pour rencontrer quelques locaux et s’adonner à quelques discussions de comptoir. Je les ai réunies ici, sous la forme de 6 mini chroniques. Une pour chaque jour de la semaine. Sauf le dimanche bien sûr, car c’est mon jour de repos…

Lundi : petits plaisirs du matin

Qui veut profiter de San Pedro doit apprendre à se lever tôt. C’est aux premières heures du jour, avant même l’ouverture des commerces, que le lac Atitlan est le plus beau. Chaque jour passé à San Pedro, je me suis réveillé aux aurores. Généralement entre 5 et 6 heures. Chaque matin, je partais pour une petite promenade devenue rituelle sur les rives du lac. A cette heure-ci, les bateaux-taxis n’ont pas encore allumé leur moteur. Les tuk tuk et les chicken bus n’ont pas encore envahi les rues. On ne croise que quelques rares habitants qui vous dévisagent avec un air étonné. Plus bas sur les rives, des groupes de femmes lavent leur linge les pieds dans l’eau. Et au loin le soleil point, illuminant le lac Atitlan de fantastiques couleurs rosées. On resterait des heures assis sur une plage ou sur un ponton, à observer la vie s’éveiller tout autour de San Pedro.

Lever de soleil sur le lac Atitlan

Mardi : Dieu tout puissant

Dans les villages du lac Atitlan, Jésus et les Saints ne sont jamais loin. Chaque village ou presque porte d’ailleurs le nom d’une sainteté : San Pedro, San Marcos ou Santa Clara pour ne citer qu’eux. En me baladant dans les ruelles de San Pedro, je croise presque à chaque coin de rue des graffitis évoquant Dieu ou le Christ. “Pour Jésus, nous vivons“, “Dieu est notre maître“, “Vive Dieu“. La ferveur des habitants du lac est grande, c’est une certitude. A côté de l’église catholique, de nombreuses paroisses évangélistes prêchent la bonne parole à travers toute la région.

Un après-midi, j’ai croisé le chemin de deux missionnaires de l’Eglise Adventiste du 7ème Jour. “Nous savons qu’en France, notre église est considérée comme une secte, mais écoutez-nous“, m’ont dit ces deux jeunes hommes encore presque adolescents. Ils m’invitent à une messe qui aura lieu le soir même au bord du lac. Pour préparer la Semaine Sainte me disent-ils.

En remontant la ruelle qui mène au marché de San Pedro, je suis attiré par des notes de gospel et des éclats de voix résonnant d’une petite église, installée dans un entrepôt en taule. Je m’approche pour écouter. Un prêtre est en train de délivrer un prêche enflammé, à la manière des évangélistes américains, devant une foule galvanisée qui passe sans broncher des cris aux larmes. Certains ont remarqué ma présence et leurs regards me font dire que je ne suis pas le bienvenu. Je m’éclipse en laissant Dieu à ses brebis.

Mercredi : empêtrés dans la poudreuse

San pedro, temple du tourisme au Guatemala

A San Pedro, tout le monde connaît le Sublime. Et celui qui n’y a jamais mis les pieds a au moins entendu le volume de sa sono, qui chaque nuit résonne dans toute la ville. Le Sublime, c’est un peu le dernier endroit à la mode. C’est ici que la jeunesse de la capitale vient faire la fête chaque week-end. Mais c’est également le repaire de nombreux voyageurs étrangers. Cocktails arrosés, beats endiablés et terrasse avec vue sur le lac, tous les ingrédients de la bonne soirée sont réunis. Enfin pas pour tout le monde.

Au Sublime, la cocaïne coule à flot. Elle se consomme à même le bar, plus besoin de se cacher. Tout le monde le sait mais ferme les yeux. “Les jeunes ont bien le droit de s’amuser”. Oui mais voilà, il y a trois semaines les autorités ont sévi. Depuis que sur leur compte Facebook, les patrons du bar ont publié la photo d’une montagne de poudreuse. Il y avait de la colombienne plein les tables du bar.

Trop c’est trop, les responsables de l’église locale sont montés au créneau et ils ont réussi leur coup. Fermeture administrative et obligation pour tous les bars et restaurants de la ville de baisser le rideau dès 23 heures. Certains habitants s’insurgent d’une consommation excessive de cocaïne par les jeunes et les touristes étrangers. “Une hypocrisie lorsque l’on sait que près de la moitié des habitants de San Pedro vivent directement ou indirectement des retombées du narcotrafic“, me confiera mon logeur.

Jeudi : des poissons au mercure

Lingères sur les rivages du lac Atitlan

Si belles soient les eaux du lac Atitlan, elles sont aujourd’hui un poison mortel pour les hommes et la faune sous-marine. “Surtout ne mangez pas de poissons pêchés dans le lac“, me dit une restauratrice française installée à San Pedro. D’ailleurs sur les rives du lac, plus personne n’en consomme excepté les touristes. Les sources de pollution du lac Atitlan sont nombreuses. L’urbanisation grandissante bien sûr, mais aussi les détritus et les détergents rejetés directement dans le lac par les habitants. Même si des lavoirs ont étés construits dans tous les villages alentours, de nombreuses mères de famille continuent à laver leur linge dans le lac. Les fertilisants utilisés par les communautés dans les plantations se répandent également dans le lac, drainées par les eaux de ruissellement.

Toutes ces actions combinées profitent à une organisme microscopique appelé cyanobactérie qui prolifère à vitesse grand V sous la surface du lac. Si des solutions existent pour traiter les eaux, les communautés de la région n’ont pas les moyens d’investir dans des systèmes de traitement souvent trop coûteux. L’association locale AMSCLAE, qui oeuvre pour l’environnement dans la région, déconseille formellement de consommer les poissons pêchés dans le lac. Alors réfléchissez bien avant d’en déguster un en terrasse !

Vendredi : touristes en fête

San Pedro au Guatemala

A quelques jours de la Semana Santa, le tourisme bat son plein sur les rives du lac Atitlan. Touristes locaux et voyageurs étrangers se sont déplacés en masse pour l’occasion. Il faut dire qu’au Guatemala, la Semaine Sainte est l’une des rares périodes de l’année où les guatémaltèques peuvent s’octroyer quelques jours de congés. Depuis la terrasse de mon appartement, j’observe le lac et les volcans. Ma quiétude est soudain brisée par les beats fracassants d’un des tubes latinos de l’été. Il provient d’un bateau remplis à ras bord de touristes en maillot de bain, qui se trémoussent sur le pont en buvant cocktail sur cocktail.

Le lac Atitlan est devenu l’un de ces lieux où l’on peut festoyer presque jour et nuit. Sur les pontons de San Pedro, anglais, allemands, français et locaux s’abreuvent copieusement d’alcool en bucket, avant de plonger tête la première dans le lac. L’ambiance est à la fête et la musique résonne dans tout le village jusque tard dans la nuit. Pas vraiment ce que j’avais prévu en venant ici, mais je m’en accommoderai…

Samedi : zen soyons zen

Dans le village de San Marcos au Guatemala

Autour du lac, il est un village qui, depuis quelques années, est devenu le rendez-vous des yogis du monde entier. A San Marcos de la Laguna, on aurait presque l’impression d’être en Inde. A la table du restaurant Fé, dans l’avenue principale du quartier touristique, on sert des currys indiens ou thaïs à tomber par terre. Plus bas vers les rives du lac, un autre établissement s’est spécialisé dans la medicine food. Au petit matin, il n’est pas rare d’assister à des cours de yoga ou à des rituels ayurvédiques, me confie un jeune français embauché ici pour la saison.

Il est vrai que depuis l’embarcadère de San Marcos, la vue splendide qu’offre les volcans San Pedro et Atitlan se prête tout à fait à la méditation. Etant plutôt du genre à ne pas tenir en place, je vous avoue franchement que ce n’est pas vraiment mon truc. Mais bon, réflexion faite, il est peu être grand temps que je m’y mette !


Durant tout l’automne, je vous propose de revivre mon voyage au Guatemala et au Belize sur le blog. De nombreux articles sont en préparation pour vous faire découvrir ces deux magnifiques pays, histoire de préparer l’hiver au chaud !

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2 Comments

  1. Josee Delage
    21 septembre 2017 @ 6:56

    Bel article , mon prochain voyage au Guatemala se fera en avril 2018 , alors je vais suivre vos prochains articles

    Reply

    • Petits Voyageurs
      6 octobre 2017 @ 9:47

      Très bon choix ! Tu ne devrais pas le regretter, j’ai adoré ce trip… les articles arrivent tout bientôt ! Au plaisir de te lire…

      Reply

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