Cher tous,
Si vous doutez encore de l’existence de la sieste espagnole, vous devriez vous rendre à Guadix un jour de semaine, juste un peu avant 16 heures. Guadix est pourtant le plus gros bourg de la province, mais à cette heure-ci on n’y croise presque aucune âme. Avons traîné un bon moment sur l’avenue Medina Olmos à la recherche d’un restaurant (ouvert) pour finalement nous retrouver dans un bar à tapas miteux, au fond d’une ruelle un peu cradingue. Le type, qui venait apparement tout juste d’ouvrir son affaire, nous a servi des sandwichs XXL, de quoi rassasier un orgre.
Les curieuses maisons-grottes de Guadix
Bien que relativement morte, Guadix reste au demeurant une ville très agréable avec une cathédrale particulièrement impressionnante. Je suis allé m’enquérir auprès d’une vendeuse de souvenir sur la marche à suivre pour rejoindre les quartiers troglodytes de Guadix. Elle a d’abord tenté de me vendre un circuit touristique en bus. Puis devant mon air circonspect, elle m’a finalement tracé la route sur une carte illustrée.
Si vous avez l’occasion de grimper sur les hauteurs de Guadix, vous découvrirez dans quel espèce d’écrin surnaturel la ville se trouve. C’est un panorama en tout point fantastique qui a, je dois bien le dire, quelquechose de féerique. Découvrir l’Alcabaza dressé sur sa colline au coucher du soleil, au coeur d’un paysage sculpté de montagnes d’argile, s’apparente à cet instant à une vision quasi ésotérique.
Cette sierra friable est traversée d’une infinité de galeries et de grottes qui devinrent des refuges pour les hommes. On trouve aujourd’hui une multitude d’habitations et de villages troglodytes dans toute la province de Guadix. Ces maisonnettes aux cheminées arrondies, dont certaines ont aujourd’hui tout le confort moderne, font la fierté de leurs habitants.
Il en est une que l’on peut visiter, accueilli chaleureusement par son « propriétaire ». En fait une espèce de guide-marchand certainement payé par la municipalité pour accueillir les touristes. Il y a bien longtemps que plus personne n’a passé la nuit dans cette caverne. La décoration est proprette, petits rideaux tissés, nappes traditionnelles, vaisselle au couleur de l’Espagne. On a joué à fond la carte de l’authenticité rétro. Nous achèterons tout de même quelques cartes, histoire que le vieil homme ne se soit pas donné tout ce mal pour rien.
On raconte beaucoup de chose sur l’origine des habitations troglodytes de la région de Guadix. Cette forme d’habitat ancestral ce serait généralisé à partir du XVIème siècle, sûrement pour servir de refuge contre les envahisseurs maures. On dit qu’il y aurait plus de 2000 de ces petites maisons dans la région, en faisant l’une des plus grandes concentrations d’habitations troglodytes d’Europe.
Scénario surréaliste sur la colline de Benalua
Nous avons poursuivi notre route à travers ces capricieuses montagnes pour rejoindre le petit village de Benalua, où l’on pouvait apparement avoir une vision de cet incroyable scénario depuis le haut d’un promontoire. Nous voici à présent au coeur des collines, qui ne sont que déclinaisons d’ocre et de rouge. C’est un décor en tout point « exotique » pour le commun des voyageurs. On en arriverait presque à se croire sur un autre continent, voire sur une autre planète.
Avons dû tourner une bonne demi-heure avant de trouver l’accès qui mène au mirador. Nous avons d’abord remonté par l’est, jusqu’à déboucher près d’une maison-caverne depuis laquelle raisonnait des rythmes de reggae. Un jeune homme dans la trentaine ayant entendu le bruit du moteur ne tarda pas à venir à notre rencontre, nous indiquant un tout autre chemin.
Je ne saurais que vous conseiller de venir à Benalua, si vous avez l’occasion de voyager en Andalousie. Vue depuis le mirador, la plaine de Guadix prend tout à coup une allure presque énigmatique. Les couleurs, les formes, l’ambiance, tout paraît sorti d’un film de science-fiction. Je ne savais pas vraiment à quoi m’attendre en venant dans ce coin d’Andalousie, mais certainement pas à cela en tout cas.
Nous sommes désormais bien plus au sud, dans un petit village situé à environ une heure de Ronda. Un petit coin de paradis là aussi, un village blanc typiquement andalou comme on dirait. Mais bon, je ne vous en dis pas plus aujourd’hui. Je ne manquerai pas de vous raconter la suite de mes aventures dans une prochaine lettre.
Je vous embrasse.
Paul
3 Comments
Alex
14 décembre 2016 @ 12:23
Très beau ces paysages. C’est fou ces grottes 🙂 On connait davantage Cadiz dont le nom ressemble mais au bord de la mer près de Jerez. Il y a un endroit qui te plairait dans la région de Jerez, c’est Vejer de la frontera. La vue du haut de la colline sur la région est juste magnifique. Sympa tes aventures en tout cas !
Petits Voyageurs
15 décembre 2016 @ 12:10
Merci Alex ! Je suis passé du côté de Vejer mais je n’ai pas eu le temps de m’y arrêter malheureusement. Je le garde pour un prochain road trip dans le coin ! A bientôt !
Aurore
24 mars 2017 @ 3:15
Je voulais absolument voir Guadix, notamment pour voir les paysages que vous décrivez. Mais avec la neige et le brouillard, ce ne fut pas du tout la même histoire !