Jeudi 3 février, départ pour Koh Lipe
A dix heures du matin, le port de Kuah est déjà surchargé, des milliers de sino-malais débarquent ici pour quelques jours de vacances, nous quittons heureusement l’île ce matin. Depuis le ferry vers Koh Lipe, le panorama sur l’archipel de Langkawi est incroyable. Perdue au milieu de la mer, des centaines d’îlots gravitent autour de l’île principale. Au loin, on aperçoit la plage de Cenang qui paraît tellement belle et calme.
C’est à bord même du ferry que se font les formalités d’entrée en Thaïlande. Nous ne sommes par vraiment sereins à l’idée de laisser nos passeports à un jeune homme en tongs et short de bain. Le service de l’immigration côté thaï se résume à une cabane en bord de plage, ici pas d’uniforme ni même d’attente interminable et encore moins de contrôle pour nos bagages.
Le changement d’ambiance et de paysage est radical. Un petit ensemble de trois îles au relief assez plat baigne dans une mer aux eaux azurées et cristallines. Le genre de petit paradis tropical que tout voyageur cherche à rallier un jour au cours de son périple. Nous resterons ici 4 jours histoire de profiter et de se reposer de ces 15 jours passés à crapahuter sur la côte ouest de Malaisie.
A peine débarqués nous partons nous attabler dans un restaurant en bord de mer pour déguster le très populaire Pad Thaï. Ce plat est préparé à base de nouilles sautées au wok avec du tofu, des crevettes séchées, de la ciboule, des germes de soja, du basilic thaï, du tamarin et de la sauce aux huîtres. Le tout peut être légèrement relevé avec du piment.
Ao Pranong à Koh Lipe
Nos sacs sur le dos, nous rejoignons la plage de Pranong. La route n’en finit plus, on commence à sentir le poids de nos bagages. A force d’accumuler les souvenirs, nous voilà maintenant chargés comme des mules à tenter de trouver un hébergement pour la nuit. Tous les établissements de l’île affichent complet et les rares chambres disponibles sont des trous à rat.
Il reste encore à Ao Pranong un petit bout de plage où hôtels et restaurants n’empiètent pas totalement sur le sable. Nous sommes subjugués par la beauté de ce lieu et surtout la pureté de ses eaux. A même la plage est construite une petite école et son terrain de sport. Non loin, quelques pêcheurs réparent leur bateau longue queue. Ces bateaux sont partout et servent autant pour le transport des visiteurs et des marchandises que pour la pêche. Véritable moyen de transport partout en Thaïlande, du moins dans le sud, cette embarcation traditionnelle longue de trois ou quatre mètres permet notamment la navigation dans les eaux peu profondes.
Le tourisme bat son plein sur l’île et cela se comprend vu la beauté du site. Nous n’avons jamais autant entendu parler français depuis le début de notre voyage. Nous ne tardons pas à croiser les deux touristes rencontrés trois jours plus tôt à Langkawi.
Première baignade dans les eaux de Koh Lipe, nos masques sur la tête, un tuba dans la bouche, nous plongeons à la rencontre des poissons tropicaux. Nous ne sommes pas déçus, à quelques mètres du bord, on peut facilement observer une multitude d’espèces différentes : poissons clowns, poissons chirurgiens, poissons porte-enseigne, une murène tachetée daigne même sortir le bout de son nez d’un rocher. Nous tombons même sur une grande étoile de mer bleutée. Seule déception, les coraux sont trop peu nombreux et malheureusement en mauvais état, souvent abîmés par les passages incessants des bateaux.
Au bout d’Ao Pranong, nous avons trouvé le paradis, à marée basse il est possible de rejoindre à pied un banc de sable où l’eau nous arrive presque aux chevilles. Perdus au milieu de l’eau, à mi-chemin entre Koh Lipe et Koh Adang, on se croirait volontiers seuls au monde. C’est sans compter les groupes en pleine séance de snorkelling en bord de plage, qui, observant notre manège, ne tardent pas à nous rejoindre.
A la nuit tombée, nous assistons à un spectacle tout à fait étonnant. Les vagues déversent sur le sable des centaines de petits morceaux de corail qui se mettent à scintiller au contact de l’air. Comme si les vagues se paraient de milles diamants et qu’elles ne livraient leur secret qu’aux quelques personnes osant encore, à cette heure ci, s’aventurer au bord de l’eau.
Quel avenir pour Koh Lipe ?
Le lendemain nous tentons de rejoindre les commerces du village touristique pour faire le plein de gâteaux, shampoings et crème solaire. Derrière l’école, nous traversons le petit village local. Certaines maisons ne sont que des amas de taules ondulées. Notre venue ne passe pas inaperçue, nous sommes salués chaleureusement par des habitants réunis à l’entrée d’une maison. Malgré l’essor du tourisme, la pauvreté semble encore grande dans cette île. Tomber au hasard sur ce petit village caché derrière des complexes hôteliers parfois luxueux donne à réfléchir. A qui le développement touristique profite il vraiment ? Certainement pas aux habitants de ce village ni même aux pêcheurs qui dorment souvent à même la plage… Comme d’autres nous sommes spectateurs de cette situation mais certains ont décidé d’agir comme un jeune occidental croisé dans l’école du village. Encore paisible comparée à ses célèbres voisines que sont Koh Phi Phi, Koh Phan Gan ou Koh Tao, Koh Lipe semble malheureusement promise au même destin. Nous avons bien croisés quelques locaux arborant des tee-shirt « Save Lipe », mais cette initiative suffira-t-elle à freiner l’appétit grandissant des visiteurs comme des promoteurs pour cet endroit ?
Un massage dans l’île
Nous n’aurions pas pu quitter la Thaïlande sans un détour dans l’un des nombreux salons de massage de l’île. Elsa et moi optons pour des soins du visage tandis que Brice tente l’aventure d’un véritable massage thaï de la nuque et des épaules. L’expérience n’est pas de tout repos, alors qu’Elsa est visiblement prise en main par une apprentie qui suscite les rires de ses collègues, nous retrouvons l’une des masseuses debout sur le dos de Brice, le massant avec ses pieds. Pas évident de se détendre totalement dans cette agitation. Pourtant, si l’on en croit l’enseigne, ces dames ont été formées au Wat Pho, célèbre temple bouddhiste de Bangkok.
Traditionnellement, le massage est lié à la tradition bouddhique. Autrefois, une salle lui était réservée dans tous les temples. Aujourd’hui cet art est encore enseigné dans nombre de temple. Au delà, il reste très répandu en Thaïlande, notamment au sein des familles où il se transmet de mère en fille.
Cette petite escale dans le sud de la Thaïlande nous donne envie de remonter plus haut vers Bangkok, quitte à rallier, toujours plus loin à l’est, le Cambodge, le Laos ou le Vietnam. Seulement, nous sommes déjà lundi et il faut redescendre vers Kuala Lumpur. Finalement, 4 semaines c’est trop court, il en aurait fallu le double. Mais ne se pose-t-on pas la même question après 6 semaines ? Adieu coraux et mer turquoise, nous voilà repartis vers le sud. Après un dernier bain de mer, il est temps pour nous de rejoindre la Malaisie. En descendant vers la plage pour embarquer, les commerçants rencontrés la veille nous souhaitent bon voyage. Au bureau de l’immigration, l’ambiance est toujours aussi détendue. Une jeune femme s’amuse de son collègue qui a gardé sur le visage une trace de rouge à lèvre…
3 Comments
8 janvier 2015 @ 7:40
Cette île a l’air très sympa. Lors de notre voyage en Thaïlande, l’île la plus au Sud que nous ayons faite fût Koh Lanta. Une belle porte d’entrée en Thaïlande en tout cas.
8 janvier 2015 @ 2:08
Je ne connais pas Koh Lanta mais Koh Lipe est effectivement très sympa. Du moins c’était encore le cas à l’époque. Je ne sais pas ce qu’il en ait maintenant…
15 janvier 2018 @ 6:15
Cruel dilemme. Si je vais a Koh Lipe , je contribue à ce qui semble être encore un petit bout de paradis. Koh Lanta me plait vraiment beaucoup, j’y ai quelques habitudes, alors que faire ?
Procrastinons, on verra bien sur place !