L’Antivoyage de Muriel Cerf

Partager sur facebook
Partager sur twitter
Partager sur linkedin
Partager sur pinterest
Partager sur email
Partager sur whatsapp

L’Antivoyage de Muriel Cerf est un de ces livres que l’on dévore sans même s’en rendre compte parce qu’il est écrit d’une telle manière que l’on a presque plus l’impression de lire. On est littéralement emporté dans le voyage de cette jeune femme qui a tout juste 20 ans dans les années 1970. Quand on se rend compte que la fin de l’aventure est proche, on ralentit la lecture en espérant qu’il y est une suite. Bref, une très belle découverte, un ouvrage culte à lire absolument si vous aimez la littérature de voyage.

« Ma petite fille part aux Indes », dit ma grand-mère au chauffeur de taxi qui n’avait quand même l’intention de ne m’emmener qu’au Bourget, à la dame qui promenait son chien, à des centaines d’indifférents qui allaient sur la Côte d’Azur et qui s’en foutaient. La portière de la voiture se referma sur ma cantine et moi, complètement bouleversée et furieuse de l’être. Je ne baissai même pas la vitre pour embrasser ma grand-mère. Mieux valait m’enfoncer dans la banquette pour ne pas la voir agiter la main avec le sourire fermé des gens malheureux. Le taxi démarra.

Muriel et son amie Rita, toutes deux issues de familles bourgeoises parisiennes, décident de partir pour l’Inde sans billet de retour. En escale au Caire, elles rencontrent Coulino, une jeune anglaise abandonnée par son futur mari, avec qui elles feront un bon bout de chemin. Muriel est fascinée par cette jeune femme de laquelle elle finira par tomber amoureuse. Le voyage de Muriel sera dicté par ses rencontres avec des hommes, princes ou officiels, qu’elle fera vaciller. Ils seront tous fascinés par ce petit bout de femme même lorsqu’elle sera au plus mal, rongée par la maladie et qu’elle ne pèsera plus qu’une petite quarantaine de kilos.

Muriel Cerf
Photo : Phil Huygenz

Katmandou, cour du Siam, Chine de Marco Polo, village carolingien, microcosme où tout se mélange dans un brouillard d’ivresse, où le çivaïsme chavire dans un bouddhisme bâtard – et voilà l’illuminé en posture tantrique, le çakti entre les jambes, devenu lui aussi symbole de l’énergie créatrice alors qu’il n’avait rien à voir là-dedans, ceci au hasard des rues, dans le creuset sans fond du népalisme en délire où tout se mêle et tourbillonne à un rythme frénétique (…)

Muriel va sillonner l’Asie de long en large, tantôt dans des hôtels miteux, tantôt dans des palaces, au bras d’hommes qu’elle aura séduit. Avec son regard à la fois désinvolte et emprunt d’humanité, Muriel donne à voir un portrait sans concession d’une Asie encore presque inconnue des routards. Beaucoup de galères évidemment mais Muriel a un sacré caractère qui lui permet de rencontrer les bonnes personnes au bon moment. Ce voyage, c’est celui de sa vie et personne ne pourra le lui enlever. Même lorsqu’elle est au fond du lit et que les médecins veulent la rapatrier en France par le prochain avion, la jeune femme résiste et continue son périple.

Son objectif final sera d’aller retrouver Coulino à Bali où elle doit finalement se marier. Elle va traverser l’Inde, le Népal puis la Thaïlande, Penang et Singapour. Au bras d’un riche homme d’affaire chinois, avec les prostituées de Pattaya où avec des touristes de passage. L’Antivoyage n’est pas un récit d’aventures, juste le regard décalé d’une jeune femme de vingt ans qui découvre le monde.

Muriel Cerf en quelques mots

Depuis son premier livre, L’Antivoyage (Babel n° 926), devenu culte dès sa sortie, Muriel Cerf (1950-2012) a publié plus de trente ouvrages parmi lesquels, chez Actes Sud : Une passion (Babel n° 222), Le Diable vert (Babel n° 270), Le Verrou (1997 ; Babel n° 738), Ogres (1998), Servantes de l’oeil (1999), La Femme au chat (2001), La Lumière de l’île (2001), la petite culotte (Babel n°966), L’Antivoyage (Babel n° 926).
André Malraux écrira à Muriel Cerf : “Vous possédez un don des dieux, le talent narratif.”

(source : éditions Actes Sud)

Deux articles consacrés à Muriel Cerf et à son livre l’Antivoyage :

Quarante an après, l’Antivoyage tient la route, par Fapaul Drouzy pour Libération Voyages.

Le dernier Antivoyage de Muriel Cerf, par Patrick Besson pour Le Point.

Partager sur facebook
Partager sur twitter
Partager sur linkedin
Partager sur pinterest
Partager sur email
Partager sur whatsapp

2 Comments

  1. Caroline - Pintade à Montpellier
    31 décembre 2015 @ 9:16

    Merci pour cette belle découverte !

    Reply

    • Petits Voyageurs
      6 janvier 2016 @ 8:03

      De rien Caroline ! Bonne lecture alors, tu me diras ce que tu en as pensé ! Bonne année !

      Reply

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.