Vers seize heures, la chaleur plombe encore l’atmosphère comme si il était midi. Nous quittons Reus en voiture, sans climatisation, le ventre encore plein de gazpacho et de seviche, dégustés chez un copain du coin. Il nous emmène sur les bords du lac de Siurana, dans les montagnes du Priorat. Nous devions y faire une randonnée mais vue l’heure avancée, nous nous contenterons d’une simple baignade. Les campagnes sont comme désolées, séchées une à une par un soleil de plomb qui brûle tous les paysages depuis des semaines. A Barcelone, l’air est tellement chaud qu’on ne sort même plus de chez soi avant 16 heures. Tout le Barcelonès est couvert d’une fine couche de brouillard blanchâtre qui draine toutes les pollutions de la ville. La route contourne Reus par le sud, au milieu des champs jaunis par la sècheresse et voici déjà les premières collines dans lesquelles nous nous engouffrons pour prendre de la hauteur. Nous passons L’Alforja en suivant la route jusqu’au col, voilà enfin le Priorat, terroir bien connu pour son vin rouge puissant, l’une des régions viticoles les plus réputées de Catalogne et d’Espagne. Certaines bouteilles s’y négocient à coup de milliers d’euros. La plaine est couverte de vignes en terrasse qui redessinent les reliefs de toute la vallée, et elles au moins sont bien vertes, elle n’ont pas manqué d’eau pendant l’été.
Sur les bords du lac
Face à nous se dévoile la Sierra de Montsant, d’immenses rocs abruptes constellés de falaises qui se courbent avec élégance. Arides encore, pas un arbre n’y pousse tant le vent sec et chaud les violente par attaques répétées. Et voici les falaises de Siurana qui s’imposent à nous, gigantesques et mystérieuses, modelées au fil des siècles par l’érosion jusqu’à épouser de curieuses formes arrondies. Elles montent vers le ciel en strates colorées, tantôt beiges, tantôt rouges, striées de coulures noires parfois inquiétantes. Le barrage du Riu de Siurana a fabriqué dans la vallée un immense lac aux eaux bleu pétrole, qui s’enroule tout autour de la montagne. Paysage irréel fait de contrastes entre le ciel, l’eau et les falaises. L’orage approche, les nuages arrivent nombreux, massés au sommet de la Sierra de Monsants, à la faveur des vents qui ouvriront la route. Et les couleurs changent en un instant pour recouvrir la plaine d’une pellicule jaunie qui fait éclater le gris des nuages et danser les couleurs sur l’eau. Atmosphère inquiétante soudain, lorsque je regarde le barrage de Siurana et les berges du lac, dont le niveau s’est abaissé de plus d’un mètre pour approvisionner toute la région en eau. Le lac est une gigantesque baignoire qui rafraîchit à peine en cette saison, et pourtant je fais partie de ces gars tellement frileux que chaque baignade peut vite se transformer en épreuve. Et la pluie se met à tomber, vidant en un instant les berges du lac, seule continue à résonner la musique venue d’un mariage organisé dans une guinguette sur l’autre rive. L’averse sera courte, quelques grosses gouttes qui nous laisseront à peine le temps de rejoindre le barrage.
Le saut de la Reine Maure
La route qui mène au petit village de Siurana s’entortille au milieu des ces falaises imprenables dont le rouge me saute à la figure. Siurana, forteresse insaisissable qui fut le théâtre de sièges interminables et fut reprit des mains des Maures au XIIème siècle. Derrière les vestiges du château se trouve le saut de la Reine, d’où Abdelazia, la fille du Vali de Siurana, se jeta avec son cheval à l’arrivée des troupes chrétiennes. On ne découvre ce village dissimulé dans la roche qu’au moment où l’on atteint le haut de la falaise. Un petit bourg en pierre qui semble ne pas avoir bougé depuis des siècles.
La Rambla de Siurana
En contrebas, en redescendant le long de la corniche, on aboutit au bas de la Rambla, l’une des voies d’escalade les plus réputées chez les professionnels de la grimpe. A l’extrémité de la falaise, un homme se prépare à l’ascension de la partie la plus technique de la paroi. Un rocher qui vu d’en-bas semble quasiment infranchissable. L’homme grimpe avec une légèreté et une habilité juste hallucinante, le voilà comme suspendu dans les airs à la manière des funambules. On ne ressent rien, ni sa force, ni son effort, comme si les choses coulaient de source, naturellement. L’homme est concentré, il se prépare à passer sur la partie supérieure de la falaise qui forme une voute avant de remonter vers le ciel. Il écoute les conseils de son partenaire resté au sol. Un cri résonne, témoin d’un effort intense et voilà le grimpeur passé au-dessus de la calotte.
Au village
Perché sur son rocher, le village accueille une foule de randonneurs qui bivouaquent dans les contreforts du parc naturel de Montsant. Un enchainement de ruelles s’engouffrent à travers les maisons en pierre pour déboucher sur l’église Santa Maria. Au refuge Ciriac Bonnet sur le Pla de la Torre Alta, nous buvons une sangria, la tête dans les nuages au dessus de la vallée, mais le vent et la pluie nous font reculer à l’intérieur du village dans un petit bar à tapas. La tavernier y est toujours d’une humeur exécrable, à peine répond il lorsque nous passons commande. La nuit est déjà retombée depuis un moment sur la montagne de Siurana, nous reprenons la route, direction Barcelone…
Comment se rendre à Siurana ? Le lac est situé à l’entrée de la province de Priorat, à environ 45 minutes de Reus. Depuis Barcelone, suivre l’autoroute en direction de Tarragone puis suivre la T11 jusqu’à Les Borges del Camp puis le C242 vers Cornudella de Montsant
A voir et à faire :
le lac de Siurana pour la baignade et le canoë
la Sierra de Montsant le temps d’une randonnée
la Rambla pour les amateurs d’escalade
le village de Siurana le temps d’un verre, d’une ballade et surtout pour le point de vue incroyable sur toute la région
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Orage sur les bords du lac de Siurana
Vers seize heures, la chaleur plombe encore l’atmosphère comme si il était midi. Nous quittons Reus en voiture, sans climatisation, le ventre encore plein de gazpacho et de seviche, dégustés chez un copain du coin. Il nous emmène sur les bords du lac de Siurana, dans les montagnes du Priorat. Nous devions y faire une randonnée mais vue l’heure avancée, nous nous contenterons d’une simple baignade. Les campagnes sont comme désolées, séchées une à une par un soleil de plomb qui brûle tous les paysages depuis des semaines. A Barcelone, l’air est tellement chaud qu’on ne sort même plus de chez soi avant 16 heures. Tout le Barcelonès est couvert d’une fine couche de brouillard blanchâtre qui draine toutes les pollutions de la ville. La route contourne Reus par le sud, au milieu des champs jaunis par la sècheresse et voici déjà les premières collines dans lesquelles nous nous engouffrons pour prendre de la hauteur. Nous passons L’Alforja en suivant la route jusqu’au col, voilà enfin le Priorat, terroir bien connu pour son vin rouge puissant, l’une des régions viticoles les plus réputées de Catalogne et d’Espagne. Certaines bouteilles s’y négocient à coup de milliers d’euros. La plaine est couverte de vignes en terrasse qui redessinent les reliefs de toute la vallée, et elles au moins sont bien vertes, elle n’ont pas manqué d’eau pendant l’été.
Sur les bords du lac
Face à nous se dévoile la Sierra de Montsant, d’immenses rocs abruptes constellés de falaises qui se courbent avec élégance. Arides encore, pas un arbre n’y pousse tant le vent sec et chaud les violente par attaques répétées. Et voici les falaises de Siurana qui s’imposent à nous, gigantesques et mystérieuses, modelées au fil des siècles par l’érosion jusqu’à épouser de curieuses formes arrondies. Elles montent vers le ciel en strates colorées, tantôt beiges, tantôt rouges, striées de coulures noires parfois inquiétantes. Le barrage du Riu de Siurana a fabriqué dans la vallée un immense lac aux eaux bleu pétrole, qui s’enroule tout autour de la montagne. Paysage irréel fait de contrastes entre le ciel, l’eau et les falaises. L’orage approche, les nuages arrivent nombreux, massés au sommet de la Sierra de Monsants, à la faveur des vents qui ouvriront la route. Et les couleurs changent en un instant pour recouvrir la plaine d’une pellicule jaunie qui fait éclater le gris des nuages et danser les couleurs sur l’eau. Atmosphère inquiétante soudain, lorsque je regarde le barrage de Siurana et les berges du lac, dont le niveau s’est abaissé de plus d’un mètre pour approvisionner toute la région en eau. Le lac est une gigantesque baignoire qui rafraîchit à peine en cette saison, et pourtant je fais partie de ces gars tellement frileux que chaque baignade peut vite se transformer en épreuve. Et la pluie se met à tomber, vidant en un instant les berges du lac, seule continue à résonner la musique venue d’un mariage organisé dans une guinguette sur l’autre rive. L’averse sera courte, quelques grosses gouttes qui nous laisseront à peine le temps de rejoindre le barrage.
Le saut de la Reine Maure
La route qui mène au petit village de Siurana s’entortille au milieu des ces falaises imprenables dont le rouge me saute à la figure. Siurana, forteresse insaisissable qui fut le théâtre de sièges interminables et fut reprit des mains des Maures au XIIème siècle. Derrière les vestiges du château se trouve le saut de la Reine, d’où Abdelazia, la fille du Vali de Siurana, se jeta avec son cheval à l’arrivée des troupes chrétiennes. On ne découvre ce village dissimulé dans la roche qu’au moment où l’on atteint le haut de la falaise. Un petit bourg en pierre qui semble ne pas avoir bougé depuis des siècles.
La Rambla de Siurana
En contrebas, en redescendant le long de la corniche, on aboutit au bas de la Rambla, l’une des voies d’escalade les plus réputées chez les professionnels de la grimpe. A l’extrémité de la falaise, un homme se prépare à l’ascension de la partie la plus technique de la paroi. Un rocher qui vu d’en-bas semble quasiment infranchissable. L’homme grimpe avec une légèreté et une habilité juste hallucinante, le voilà comme suspendu dans les airs à la manière des funambules. On ne ressent rien, ni sa force, ni son effort, comme si les choses coulaient de source, naturellement. L’homme est concentré, il se prépare à passer sur la partie supérieure de la falaise qui forme une voute avant de remonter vers le ciel. Il écoute les conseils de son partenaire resté au sol. Un cri résonne, témoin d’un effort intense et voilà le grimpeur passé au-dessus de la calotte.
Au village
Perché sur son rocher, le village accueille une foule de randonneurs qui bivouaquent dans les contreforts du parc naturel de Montsant. Un enchainement de ruelles s’engouffrent à travers les maisons en pierre pour déboucher sur l’église Santa Maria. Au refuge Ciriac Bonnet sur le Pla de la Torre Alta, nous buvons une sangria, la tête dans les nuages au dessus de la vallée, mais le vent et la pluie nous font reculer à l’intérieur du village dans un petit bar à tapas. La tavernier y est toujours d’une humeur exécrable, à peine répond il lorsque nous passons commande. La nuit est déjà retombée depuis un moment sur la montagne de Siurana, nous reprenons la route, direction Barcelone…
Comment se rendre à Siurana ? Le lac est situé à l’entrée de la province de Priorat, à environ 45 minutes de Reus. Depuis Barcelone, suivre l’autoroute en direction de Tarragone puis suivre la T11 jusqu’à Les Borges del Camp puis le C242 vers Cornudella de Montsant
A voir et à faire :
Plus d’infos sur le site de l’office du tourisme du Priorat ou chez Catalunya Experience
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