Le Thaipusam
Pendant le mois de l’étoile, le dixième du calendrier hindou, des milliers de personnes, hommes femmes ou enfants, s’infligent des tortures volontaires. Langues, joues, lèvres, pommettes sont transpercées de flèches, le corps est mutilé dans une transe générale où la douleur semble disparaître.
Alors qu’elle est totalement interdite en Inde, la fête du Thaipusam perdure encore en Malaisie et notamment dans les grottes de Batu. Pendant le week-end, plusieurs milliers de personnes convergent vers ces temples-grottes créant des bouchons sur des dizaines de kilomètres. Mais ce n’est pas grave, notre chauffeur connaît visiblement quelques raccourcis pour éviter les foules. Même si la banlieue de Kuala Lumpur jouxte l’endroit, le paysage est magnifique. Deux falaises en forme de pain de sucre s’élancent vers le ciel, elles me rappellent celles de la plage de Rai Lee où nous avions séjourné l’an dernier.
Une fois sur place, le pèlerinage ressemble plus à une grande foire populaire, une fête foraine a même été installée pour l’occasion. Boissons, épices, vêtements, disques, babioles, on peut tout trouver sur les nombreux étals installés aux pieds des grottes. Des barbiers proposent même leurs services pour quelques ringgits. Il nous est parfois difficile de nous frayer un passage jusqu’à l’entrée des grottes tant la foule est dense. Femmes en sari, hommes barbus enturbannés, enfants aux pieds nus, familles, voyageurs ou curieux venus de la ville se sont donnés rendez-vous cet après-midi aux pieds des grottes. Des stands diffusent à pleine puissance un mélange de musique traditionnelle et de rythmes plus électroniques donnant à ce grand rassemblement une ambiance assez psychédélique. Quel étrange moment, est-ce le bain de foule ou la chaleur, est-ce le choc du dépaysement ou la fatigue du voyage, je ne sais pas vraiment.
Dans une chaleur toujours plus forte, nous atteignons enfin les 272 marches qui mènent au sanctuaire principal. Murugan, « le toujours souriant » fils du créateur de l’univers nous apparaît sous la forme d’une imposante statue recouverte de feuilles d’or.
L’ascension commence mais elle s’avère épique. Il nous faudra 5 ou 6 pauses avant d’en venir à bout, sans compter les multiples arrêts photo devant les macaques qui observent les va-et-vient de la foule. A l’intérieur de la grotte se trouve un petit temple hindou assez quelconque. Toutes ces marches pour ça! Ils auraient quand même pu faire un effort vu le périple pour y accéder. Autour de nous, les pèlerins font des offrandes et adressent leurs prières aux divinités hindoues.