Loin de l’aventure et des tropiques, notre road trip au Costa Rica a d’abord commencé avec une histoire d’assurance que l’on voulait nous fourguer au comptoir d’un loueur bien connu. Vexé par nos multiples refus, l’employé zélé nous a remis les clefs d’une vieille bagnole toute égratignée, sûrement la pire de la flotte. Rien à casser à l’intérieur, ni même dehors d’ailleurs, et c’est tant mieux, on pourra faire rugir le moteur en filant à toute vitesse, comme des bandits de grands chemins.
Alajuela, là où le road trip commença…
Alajuela, petit ville sans âme toute proche de l’aéroport. Quadras à l’enfilade, succession de restaurants miteux de poulets grillés (spécialité locale), sa petite église blanche et presque personne dans les rues. Il fait sûrement encore trop chaud. Nous nous sommes branchés sur une playlist de reprises de tubes pop, remixés façon musique cubaine par Senor Coconut. Les premières notes de Kiss résonnent dans la carlingue, alors que nous entamons l’ascension vers les montagnes.
Niché sur les hauteurs de la ville, le long de la route 712 qui file droit vers Poas, nous logeons dans la guesthouse de deux amis barcelonais en exil. Une maison sympathique avec patatas bravas et cerveza à l’apéritif, de quoi ne pas trop se dépayser avant de reprendre la route le lendemain.
La route 712 vers les sommets
La 712 défile à toute allure en lacets et en courbes, dévoilant fincas et chalets aux couleurs éclatantes. Ciel bleu et pâturages verts nous propulsent dans un décor bucolique mi-Alpes, mi-tropiques. Au loin, on aperçoit des forêts de conifères, ici et là des vaches qui gambadent au milieu des champs. Il flotte comme une impression d’ailleurs qui tout d’un coup m’assaille, je ne sais plus où je suis, je m’attendais à tout sauf à cela à dire vrai. Une pause à mi-parcours, le temps d’avaler un expresso salvateur dans une petite cabane au bord de la route. Et le soleil qui monte et pèse déjà lourd sur nos épaules.
Volcan Poas, mais qui t’a fait si beau ?
Volcan Poas, montagne grognante de fumée et d’acide
J’aime tout en toi, ta beauté sauvage, imposante et brute
Ton lac menaçant et tes fumeroles qui m’enivrent jusqu’à me faire tourner la tête
Vision presque céleste quand tu te déverses en un champ de lave
Puis quand je porte mon regard vers l’horizon, surplombant une mer de nuage
Pourquoi t’a-t-on fait cela, t’apprivoiser, te dompter, tracer sur tes pentes des circuits auto-guidés, planter des pieux dans ta carcasse, faire courir des barrières sur tes flancs. On a creusé dans ta terre pour en faire sortir des marches et des terrasses. On t’a ravalé la façade pour laisser place à un restaurant, une boutique et un musée. Un jour peut-être, tu sortiras de tes gonds pour effacer tout cela, en un crachotement de poudre. En attendant, je peux encore admirer ton petit frère qui berce au creux de ses bras un lac bleu azuré, aux reflets pétrolés, dans un écrin lumineux où la nature éclate de couleurs, d’odeur et d’atmosphère sulfurée.
Alpages, fromages et freins qui fument dans les montagnes du Costa Rica
Nous avons repris la route avec deux français à bord. Dans les alpages des montagnes d’Alajuela, tout rappelle la Suisse, en version colorisée. On a forcé un bon coup sur la saturation, on a troqué les sapins contre des palmiers et des bougainvilliers, mais on a gardé les vaches laitières, les chalets et le fromage. Un queso fresco qui tient plus de la mozzarella que du gruyère, mais il n’en faudra pas plus pour susciter chez moi une irrésistible envie de fondue savoyarde. Je me demande parfois pourquoi on a toujours ce besoin de tout comparer, de chercher la ressemblance, le petit détail qui ravive les souvenirs en pagaille. On s’accroche à des images déjà connues, celles de nos vieux voyages dans des contrées que tout oppose pourtant. « C’est comme en Malaisie, tu te souviens ? », « Au Sri Lanka, dans ce petit village à la montagne, tu te rappelles ? ». C’est l’Asie et les Alpes en plus chaud, en plus vert et en plus espagnol. Et pour les détails, on reviendra demain !
Tu te tortilles dans la montagne, serpentant encore et encore, dévalant les pentes vers des vallées redessinées par les champs et les fincas. On a arraché la forêt pour planter du café et des fraises, grosses et bien rouges, que l’on vendra ensuite sur le bord des routes. Le soleil laisse peu à peu place à la brume qui s’enroulent sur les cimes, devenues progressivement grises. La descente est rude, les freins chauffent puis se mettent à fumer, nous nous arrêtons plusieurs fois, inquiets, avec la peur de finir tout droit dans le décor. Même en pleine saison sèche, les cascades dévalent encore les pentes de la montagne, pour se jeter à vive allure dans la forêt qui se régale de leurs eaux fraîches. Nous traversons plusieurs petits villages, souvent microscopiques, avec leurs cases aux couleurs vives, leur sodas de bric et de broc, leurs minis super et maxi épiceries, quelques ferrailleurs et des garagistes qui auront fort à faire aujourd’hui. La route a eu raison d’un immense truck qui git couché sur le flanc, roues et portes défoncées, essieux brisé. Même histoire quelques heures plus tôt pour un couple de touristes ahuris, contemplant leur 4×4 posé sur le toit, à la sortie d’un virage. On lève le pied, en espérant que notre vieille voiture nous conduira au bout de la route…
Notre itinéraire
Bonne adresse pour passer la nuit à Alajuela
La Villa Pacande sur les hauteurs de la ville, en direction du Volcan Poas, est une excellente guesthouse tenue par deux jeunes barcelonais. Une très bonne ambiance, un jardin très agréable et de belles chambres à partir de 25$ la nuit avec le petit-déjeuner.
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Les deux volcans, road trip au Costa Rica [1]
Loin de l’aventure et des tropiques, notre road trip au Costa Rica a d’abord commencé avec une histoire d’assurance que l’on voulait nous fourguer au comptoir d’un loueur bien connu. Vexé par nos multiples refus, l’employé zélé nous a remis les clefs d’une vieille bagnole toute égratignée, sûrement la pire de la flotte. Rien à casser à l’intérieur, ni même dehors d’ailleurs, et c’est tant mieux, on pourra faire rugir le moteur en filant à toute vitesse, comme des bandits de grands chemins.
Alajuela, là où le road trip commença…
Alajuela, petit ville sans âme toute proche de l’aéroport. Quadras à l’enfilade, succession de restaurants miteux de poulets grillés (spécialité locale), sa petite église blanche et presque personne dans les rues. Il fait sûrement encore trop chaud. Nous nous sommes branchés sur une playlist de reprises de tubes pop, remixés façon musique cubaine par Senor Coconut. Les premières notes de Kiss résonnent dans la carlingue, alors que nous entamons l’ascension vers les montagnes.
Niché sur les hauteurs de la ville, le long de la route 712 qui file droit vers Poas, nous logeons dans la guesthouse de deux amis barcelonais en exil. Une maison sympathique avec patatas bravas et cerveza à l’apéritif, de quoi ne pas trop se dépayser avant de reprendre la route le lendemain.
La route 712 vers les sommets
La 712 défile à toute allure en lacets et en courbes, dévoilant fincas et chalets aux couleurs éclatantes. Ciel bleu et pâturages verts nous propulsent dans un décor bucolique mi-Alpes, mi-tropiques. Au loin, on aperçoit des forêts de conifères, ici et là des vaches qui gambadent au milieu des champs. Il flotte comme une impression d’ailleurs qui tout d’un coup m’assaille, je ne sais plus où je suis, je m’attendais à tout sauf à cela à dire vrai. Une pause à mi-parcours, le temps d’avaler un expresso salvateur dans une petite cabane au bord de la route. Et le soleil qui monte et pèse déjà lourd sur nos épaules.
Volcan Poas, mais qui t’a fait si beau ?
Pourquoi t’a-t-on fait cela, t’apprivoiser, te dompter, tracer sur tes pentes des circuits auto-guidés, planter des pieux dans ta carcasse, faire courir des barrières sur tes flancs. On a creusé dans ta terre pour en faire sortir des marches et des terrasses. On t’a ravalé la façade pour laisser place à un restaurant, une boutique et un musée. Un jour peut-être, tu sortiras de tes gonds pour effacer tout cela, en un crachotement de poudre. En attendant, je peux encore admirer ton petit frère qui berce au creux de ses bras un lac bleu azuré, aux reflets pétrolés, dans un écrin lumineux où la nature éclate de couleurs, d’odeur et d’atmosphère sulfurée.
Alpages, fromages et freins qui fument dans les montagnes du Costa Rica
Nous avons repris la route avec deux français à bord. Dans les alpages des montagnes d’Alajuela, tout rappelle la Suisse, en version colorisée. On a forcé un bon coup sur la saturation, on a troqué les sapins contre des palmiers et des bougainvilliers, mais on a gardé les vaches laitières, les chalets et le fromage. Un queso fresco qui tient plus de la mozzarella que du gruyère, mais il n’en faudra pas plus pour susciter chez moi une irrésistible envie de fondue savoyarde. Je me demande parfois pourquoi on a toujours ce besoin de tout comparer, de chercher la ressemblance, le petit détail qui ravive les souvenirs en pagaille. On s’accroche à des images déjà connues, celles de nos vieux voyages dans des contrées que tout oppose pourtant. « C’est comme en Malaisie, tu te souviens ? », « Au Sri Lanka, dans ce petit village à la montagne, tu te rappelles ? ». C’est l’Asie et les Alpes en plus chaud, en plus vert et en plus espagnol. Et pour les détails, on reviendra demain !
Tu te tortilles dans la montagne, serpentant encore et encore, dévalant les pentes vers des vallées redessinées par les champs et les fincas. On a arraché la forêt pour planter du café et des fraises, grosses et bien rouges, que l’on vendra ensuite sur le bord des routes. Le soleil laisse peu à peu place à la brume qui s’enroulent sur les cimes, devenues progressivement grises. La descente est rude, les freins chauffent puis se mettent à fumer, nous nous arrêtons plusieurs fois, inquiets, avec la peur de finir tout droit dans le décor. Même en pleine saison sèche, les cascades dévalent encore les pentes de la montagne, pour se jeter à vive allure dans la forêt qui se régale de leurs eaux fraîches. Nous traversons plusieurs petits villages, souvent microscopiques, avec leurs cases aux couleurs vives, leur sodas de bric et de broc, leurs minis super et maxi épiceries, quelques ferrailleurs et des garagistes qui auront fort à faire aujourd’hui. La route a eu raison d’un immense truck qui git couché sur le flanc, roues et portes défoncées, essieux brisé. Même histoire quelques heures plus tôt pour un couple de touristes ahuris, contemplant leur 4×4 posé sur le toit, à la sortie d’un virage. On lève le pied, en espérant que notre vieille voiture nous conduira au bout de la route…
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