Nous avons désormais quitté les montagnes pour suivre la route qui embrasse la plaine, sur une trentaine de kilomètres. Nous filons à vive allure dans une voiture qui retrouve soudain un second souffle. De bonne augure pour la suite de notre road trip vers Arenal.
La Fortuna : drôle de petite ville au pied du volcan
Aux pieds du volcan Arenal, la petite ville de la Fortuna est devenue le lieu de rendez-vous de tous les voyageurs du monde. Son avenue centrale a vu fleurir, année après année, pléthore d’établissements chargés d’accueillir des foules entières de touristes, venus admirer le géant local. Le volcan est là, tout proche, il est devenu pour moi une obsession. Je ne l’ai presque jamais quitté du regard, depuis deux heures maintenant. Il s’imprime dans ma rétine comme une sorte d’estampe japonaise, jusqu’à ce que la vue soit légèrement gâchée par l’architecture anarchique de la Fortuna. Qu’importe, nous ne resterons que quelques heures en ville de toute manière.
La Fortuna s’enorgueillit de tous les superlatifs, pour qualifier les établissements parfois douteux qui bordent son avenue principale. On peut y boire le meilleur café de tout le Costa Rica. Ou encore goûter la meilleure bière de la ville, dans le bar du Lava Lounge. Plus loin, nous avons même la chance de pouvoir nous baigner dans les plus belles sources chaudes du pays. Et si l’on est pas tout à fait rassasié, on pourra s’assoir à la table du meilleur restaurant végétarien de la ville. On y déguste d’excellents burritos au bœuf. Cherchez l’erreur! Feu le bœuf, haché en petits morceaux, était peut-être végétarien, ou amateur de cuisine organique. Peut-être ne se nourrissait-il que de légumes crus, comme ces “crudivoraces” qui viennent ici en masse, le temps d’un séjour détente-veggie-bio, avec vue à 150$ sur le volcan Arenal.
Contemplation sous les pentes du volcan Arenal
Même s’il se repose depuis presque 5 ans, ne crachant plus sa lave dans les jungles alentours, l’Arenal attire toujours autant les foules. Et comme je les comprends ! Cet immense colosse s’impose à nous comme une excroissance conique des plus parfaites. Son cratère étroit crachote des fumeroles blanches qui tournoient lentement sur ses pentes. Rares sont ceux qui en voit le sommet, nous raconte-t-on.
Le monstre bouillonnant attire brumes et nuages comme un aimant, formant une couverture opaque qui s’enroule sur ses flancs, en le faisant disparaître à mesure que les heures passent. Je ne sais plus combien d’heures nous sommes restés à le contempler. Ni combien de fois nous nous sommes arrêtés au bord d’une route, pour le capturer en photo. Moi qui n’avais jamais vu de volcan, exceptés ceux d’Auvergne, me voilà servi. Celui-ci correspond en tout point aux images que je m’étais construites dans ma tête. Il me transporte littéralement dans une autre ère. Je me prends à rêver de jurassique, de dinosaures et de création du monde.
Curieuse retraite dans le village d’El Castillo
A la tombée de la nuit, au terme d’un parcours chaotique sur une piste longue de 7 kilomètres, nous aboutissons enfin dans le village d’El Catillo. A vouloir faire des économies, nous avons louer une simple voiture plutôt qu’un 4×4. Et nous pensions pouvoir arpenter un pays fait essentiellement de pistes défoncées. Quelle bonne idée ! Les locaux roulent à vive allure, quelque soit leur monture. Mais nous restons au pas, zigzaguant entre les cailloux et les nids de poule. Si vous partez en road trip vers Arenal, ne faites pas la même erreur que nous.
Nous rejoignons une sorte de retraite pour hippies branchés, au sommet d’une colline qui domine le village. Si la propriété est sublime à n’en pas douter, l’atmosphère qui règne dans cette charmante communauté à le don de me laisser perplexe. Au petit matin, ces dames partent en groupe pour leur séance de yoga debout à l’arrière d’un pick-up. Le cours se déroule en un endroit situé sur une autre colline, que l’on rejoint en empruntant un chemin qui traverse la jungle. Il y a ici une maisonnette surnommée simplement « The House ». C’est du moins comme cela que l’appellent les initiés. « Si vous me cherchez, je suis à la Maison ! ». « Mais où est donc passée Charlotte ? Elle est à la Maison je crois ! ». « Il y a-t-il un apéritif ce soir à la Maison ? ».
Tous les us et coutumes de la petite communauté sont décrites très précisément sur une fresque, non loin des cuisines du camping. On les a rassemblées sous l’intitulé : « Éthique et principes de notre communauté ». Tout ici ne semble être que communion et partage, saupoudrés d’un soupçon de pédagogie toujours utile, qui fondent la philosophie des nouveaux bo-bos de l’écologie.
Le soir en cuisine, nous sommes invités à participer à la confection des repas, histoire de dynamiser un peu l’esprit d’équipe et la communication parmi les membres. Bon, de ce côté là les choses fonctionnent à merveille. En moins de deux, nous avons lié connaissance avec une famille québécoise et deux jeunes françaises en vadrouille.
Plus qu’un simple lieu de villégiature, la colline est un endroit magique où l’on fait de belles rencontres. On y médite dans la joie et la bonne humeur, pour le plus grand bonheur du patron. « J’ai trouvé ici le paradis ! », nous confiait un jeune canadien resté perché ici depuis six semaines en mode workaway.
Mais il n’empêche que cet endroit à quelque chose de fort apaisant. On se retrouve au bord d’une piscine, dans un jardin merveilleux avec une vue époustouflante sur le volcan Arenal. Le soir au coucher du soleil, c’est de toute beauté. La nuit, nous dormons dans des cabanes sur pilotis au milieu de la forêt. Chaque matin vers 4 heures, nous sommes réveillés par les cris d’un singe hurleur et les bruits de la jungle en éveil. Si vous passez dans le coin, allez tout de même y faire un tour, ne serait-ce que pour la nuit…
2 Comments
Anne
1 mars 2017 @ 2:01
La pluie trop forte nous a empêchés d’aller à El Castillo, je le regrette un peu!
Leprince
25 juin 2017 @ 11:29
Merci pour votre reportage