Route des vins d’Alsace : Agathe Bursin

En quittant la départementale 83 juste avant Rouffach, en direction de la Vallée Noble, on arrive dans le petit village de Westhalten. Les pentes de l’ouest. Alors que tout le vignoble alsacien est tourné vers l’est et regarde la Forêt Noire, les vignes de Westhalten ont la tête à l’ouest, donnant à son vin un caractère unique. C’est aussi le vignoble le plus haut d’Alsace.

Mairie de Westhalten

Crédit Photo : Rauenstein

Niché entre les collines du Strangenberg, du Bollenberg et du Zinnkoepflé, à mi-chemin entre Soulzmatt et Rouffach, ce petit village pittoresque ne manque pas de charme. En prenant la direction de Soulzmatt, lorsque la route prend un virage et passe devant le vieux puit et la mairie, on tombe sur une grande maison vigneronne portant une petite plaque dorée, gravée du nom d’Agathe Bursin. C’est pour la rencontrer que je me rends aujourd’hui à Westhalten avec ma sœur. Nous sonnons, au même moment une jeune femme sort de la cour, tout sourire.

«J’attendais les mécaniciens pour mon tracteur ! Mais je vous en prie, entrez !»

Agathe Bursin nous reçoit dans la maison familiale, lieu où se déroulent toutes les dégustations. Nous nous installons autour de la grande table en bois qui trône au milieu du salon. Dans le coin de la pièce, derrière moi, quelques fauteuils en cuir au dessus desquels sont accrochés les portraits des ancêtres de la famille. De l’autre côté de la pièce, un grand poêle en céramique, typique des anciennes maisons alsaciennes. Elle installe à table deux napperons brodés, sur lesquels elle dispose deux verres de dégustation pour chacun et un crachoir juste entre nous.

Agathe Bursin est l’héritière d’une famille de vignerons installée à Weshalten depuis plusieurs générations. A la mort du grand-père, sa femme reprend l’exploitation et devient vendeuse de raisins pour la coopérative du village. Petite fille, Agathe est confiée à ses grand-parents qui s’occupe d’elle après la classe. Avec son grand-père, elle presse le raisin en secret. A l’école, elle côtoie les fils des vignerons du coin, et forcément, ça parle de tracteurs et de vignes.

En 2001, Agathe Bursin décide de se lancer, elle demande à sa mère de lui céder ses parts de l’exploitation et commence à travailler la vigne. Quelques petites parcelles seulement, disséminées autour du village, assurant une production confidentielle.

Riesling_-raisins_sur_pied_de_vigne

Crédit Photo : Simon Sake

Nous commençons la dégustation par les Rieslings, le Dirstelberg et le Grand Cru Zinnkoepflé. Agathe prend le temps de nous expliquer en détails comment goûter un vin, d’abord le sentir, puis le faire tourner dans le verre, le sentir à nouveau, le faire tourner dans un sens puis dans l’autre pour le casser, sentir encore.

Nous goûtons le premier vin.

« Où salivez vous ? », nous demande-t-elle.  Je croise le regard de ma sœur, nous ne savons pas trop quoi répondre. Nous goûtons à nouveau. Le premier semble nous faire saliver au centre de la langue à l’avant de la bouche, le second plutôt au fond et sur les côtés. Cette différence vient du sol, les cépages qui servent dans le premier vin poussent sur du grès, les autres sur un sol calcaire.

Le point de repère d’Agathe Bursin pour apprécier le travail d’un vigneron d’Alsace : son Sylvaner. « Si je ne dois en goûter qu’un, c’est celui-là que je choisis ! » Le Sylvaner est en effet un vin qui a mauvaise réputation car il fut planté massivement dans la plaine d’Alsace au siècle dernier, donnant souvent des vins secs et très acides. Mais à l’origine, le Sylvaner était cultivé dans les hauteurs et il produit un vin aromatique, pour peu que l’on se donne la peine de le travailler un minimum.

Cette viticultrice est aussi l’une des rares a avoir conservé des parcelles complantées, mélangeant plusieurs cépages, à partir des quelles elle a crée l’As de B ou l’assemblage du Bollenberg, mon coup de cœur.

Domaine Agathe Bursin

11, rue de Soultzmatt,
68250 Westhalten
Tél : 03 89 47 04 15
Fax : 03 89 47 04 15

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