Déjeuner à Ben Thanh
Nous quittons l’hôtel Sunland vers midi pour aller déjeuner dans un hawker qui sert des Nui Xao Bo, non loin du marché de Ben Thanh. Ce sont des macaronis sautés au basilic avec quelques épices, dans une sauce assez grasse. Un très bon petit plat de rue, une fois n’est pas coutume. Je vois Brice revenir du stand d’à côté l’air légèrement énervé. La bonne femme qui vendait des cigarettes n’a pas hésité à fourrer la main directement dans son portefeuille voyant la négociation se compliquer. Finalement elle aura tout gagné, Brice n’achètera rien et elle s’attirera les foudres de son mari pour avoir laisser filer un client. Ce n’est pas la première fois que j’observe ce genre de comportement avec les voyageurs dès qu’une transaction financière est en jeu. Le rapport à l’argent de certains vietnamiens semble assez particulier. Et dès le premier soir, l’épicier du bas de la rue a profité de notre inattention pour nous vendre deux paquets de cigarettes et quelques sodas pour près de quarante euros. Billets de 20000 et 100000 dongs se ressemblent comme deux gouttes d’eau, encore fallait-il s’en apercevoir.
Le marché de Ben Thanh est un édifice imposant construit en 1920. En cette période de Nouvel An, les façades et les arcades sont toutes colorées de fleurs. Il est fermé aujourd’hui mais quelques boutiques ont quand même levé le rideau. Une marchande de café par ci, un vendeur de bibelots par là, quelques porteuses de palanches qui vendent des fruits frais. Plus loin il y a même quelques glaciers ambulants qui distribuent des cornets de glace aux enfants venus en famille pour le Tèt.
A l’exposition florale
A cause des travaux du métro, c’est sur Ham Nghi que se tient cette année la traditionnelle exposition florale du Tèt. La foule est dense, ce matin du 20 février, qui arpente les allées fleuries. Des familles avec leurs enfants, des jeunes femmes en robe du soir et talons haut. Tout le monde a revêtu ses plus beaux atours. Costumes élégants pour les hommes et robes coquettes pour les dames. L’impression d’être au défilé de mode. On se prête au jeu des photographies devant d’exubérantes créations artistiques et fleuries. Bonzaïs en pot, rhododendrons, œillets disposés dans des paniers ou bougainvilliers géants. Dans une ambiance lounge et kitsch. La ville sortit les grands moyens pour épater les badauds. Deux jeunes femmes prennent la pause devant un mur végétal coloré de jaune. Avec leurs robes rouges évasées, on croirait deux petites fraises de bois nappées d’une touche de crème chantilly. Elles peinent à marcher avec leurs talons aiguilles trop hauts. Plus loin, toute une famille, père en smoking, femmes en satin et capeline de dentelles. On vient ici surtout pour être vu, pour s’exposer et profiter de la ferveur générale de la ville. Les allées sont combles malgré une chaleur de plus en plus insupportable. Mais cela ne gêne que nous, qui trainons nos couennes dégoulinantes à la recherche du moindre coin d’ombre.
Promenade dans la vieille Saigon
Nous voici au numéro 1 de l’ancienne rue Catinat, aujourd’hui rebaptisée Dong Khoi, qui mène aux beaux quartiers de Saigon, au cœur de l’ancienne ville coloniale, qui par endroit prend des airs de petit Paris. L’hôtel Majestic, refuge des correspondants de guerre du monde entier durant toute la guerre du Vietnam, rappelle les palaces de la Côte d’Azur. Sur les trottoirs, des vendeuses ambulantes proposent aux touristes des cartes sculptées de décors typiquement vietnamiens, pagodes, dragons ou sampans. Grâce à un sourire attendrissant, elles vous font avaler qu’il s’agit de pièces fabriquées main par quelques cousines restées au village. Évidemment une arnaque que l’on devine malheureusement trop tard, lorsque d’autre femmes coiffées d’un nón lá vous proposent exactement les mêmes quelques mètres plus loin. Dong Khoi déroule son décor d’immeubles et d’édifices inspirés du style haussmannien. Comme un brin de nostalgie de l’époque française, on en oublierait presque l’occupation féroce, la répression et les exactions commises du temps de la Cochinchine. Nous continuons vers la place de l’opéra puis l’Hôtel des Postes et la cathédrale. Les larges allées qui mènent au Palais de la Réunification me font penser aux Champs-Elysées, nous ne sommes plus vraiment au Vietnam.
La fin de journée approche. Il est déjà temps pour nous d’attraper un taxi qui nous mènera à l’aéroport où nous devons attraper le dernier vol pour Nha Trang. Nous laissons derrière nous Elsa et Jocelyn qui voyageront en bus de nuit.
Une nuit à Nha Trang >
2 Comments
Marine
23 septembre 2015 @ 4:10
Vous n’aurez pas passé beaucoup de temps à Saigon au final… C’est dommage ! Bon après, il est vrai que la période du Têt ne constitue pas le moment idéal pour visiter la ville, beaucoup d’endroits sont fermés. Mais du coup il y a aussi moins de monde et de circulation. J’avoue, j’évite de rester à Saigon pendant le Têt car il n’y a vraiment rien à y faire quand on y vit 😀
En temps normal ceci dit, Saigon regorge de coins vraiment sympas. J’ai fait une petite liste des incontournables, si vous avez envie d’y jeter un œil : http://goo.gl/YQOL4K
Peut-être repasserez-vous un jour dans la grande métropole du Sud ? 🙂
En tout cas, j’ai pris beaucoup de plaisir à lire votre carnet de voyage sur le Vietnam, qui est vraiment bien écrit.
Marine
vietnam circuit
10 avril 2019 @ 7:28
Pendant le Têt, toute la ville est belle mais beaucoup d’endroits sont fermés parce que c’est la fête la plus importante pour les Vietnamiens et les gens retournent à leurs villes natales. On ne peut pas visiter les monuments pendant le Têt mais un voyage pour voir les paysages naturels au Vietnam est aussi un bonne idée.