Chers tous,
Voilà plus d’une semaine que nous sommes sur les routes d’Andalousie. Me voici réfugié dans un village blanc, pas très loin de Ronda. Il n’y a strictement rien à faire par ici, ce qui me laisse un peu de temps pour vous écrire quelques nouvelles.
Ronda, un après-midi de feria
Nous sommes de passage à Ronda juste pour quelques heures, le temps de prendre un verre et d’aller nous promener du côté du Puente Nuevo. Depuis Granada la route fut longue et épuisante. Une chaleur infernale, des lignes droites, des champs brûlés. Comme une impression de traversée du désert.
A Ronda il en est tout autrement. Les rues sont déjà noires de monde à 18 heures, en cette semaine de feria. Des groupes d’adolescents ont déjà entamé depuis bien longtemps un marathon alcoolique qui devrait se terminer tard dans la nuit. Ils absorbent à grande vitesse des bouchons de whisky ou de vodka tout en criant et déambulant dans les rues décorées de guirlandes et de fleurs. Juste derrière la plaza de Toros, le mirador est envahi de badauds venus profiter du panorama avant la tombée de la nuit.
La musique flamenco résonne à travers les ruelles, les places et dans tous les troquets de la ville. Hommes et femmes en goguette foulent les pavés de la carrera Espinel en esquissant quelques mouvements de hanche discrets. Les jeunes femmes ont presque toutes revêtu leur plus belle robe de flamenco pour le concours de danse qui aura lieu ce soir. La chaleur monte petit à petit et les esprits s’échauffent à mesure que la nuit tombe. La soirée promet d’être longue…
Sur la route de Jimena
La nuit s’abat lentement sur les montagnes de la serrania de Ronda. Nous quittons désormais l’effervescence de la feria pour rejoindre Jimena de la Frontera, 50 kilomètres plus au sud. La voiture file sur une carretera de montaña qui se tortille sur le flanc des montagnes et dévoile un panorama dantesque, qui comme un mirage disparait peu à peu dans la nuit andalouse. Il fera bientôt noir, alors je dévore des yeux les pentes désertiques de la sierra, que les rayons du soleil lèchent encore pour quelques minutes. L’orangé se grise, les cimes s’obscurcissent et la route n’en finit plus de grimper.
Ambiance martienne par moment. Immensité d’un panorama qui devient inquiétant, avalé par la pénombre qui enveloppe peu à peu les villages blancs. Soudain apparaissent les lueurs de Gaucin et de sa falaise surgissant des ténèbres. Un pic de calcaire flanqué d’un château mauresque qui semble dominer toute la vallée. Et passé le village, plus rien, juste l’obscurité qui nous guidera jusqu’à Jimena.
Dans mon petit village blanc
Si vous venez en Andalousie, passez au moins une nuit dans le petit village blanc de Jimena de la Frontera. Ses ruelles étroites filent vers le sommet d’une colline, dominée par l’Alcazar récemment réhabilité. Le centre du bourg se dessine en un entortillement labyrinthique de ruelles, d’escaliers et de maisonnettes blanchies à vous faire perdre la tête tant elles sont belles. Ici l’été n’est pas fini. Dès les premières heures de la journée, une chaleur infernale plombe l’atmosphère. J’ai eu la plus grande peine du monde à gravir les dernières marches menant jusqu’au château. J’ai rasé les murs pour tenter de trouver un peu d’ombre. Arrivé au sommet, je n’ai même pas pu m’installer pour contempler la vue, tant la chaleur était devenue insupportable. Je ne pensais qu’à une chose : de l’eau, une rivière, un lac, une piscine, n’importe quoi…
Exceptée la chaleur difficilement supportable, je suis complètement tombé sous le charme de Jimena. Ce pueblo est l’image parfaite du village andalou : pavés dans les ruelles, portes colorées et richement ouvragées de ferronneries, petits patios discrets planqués au coeur de chaque maison. Dans la soirée les rues s’agitent, les volets s’ouvrent, des silhouettes font leur apparition aux balcons. Des terrasses s’improvisent sur les pas de portes. Au premier étage de la maison d’en face, le son d’une guitare, quelques notes timides de flamenco, la vie reprend doucement son cours…
Je ne sais pas encore quand vous parviendra ma prochaine lettre. Nous arrivons à un moment du voyage où il devient difficile de prendre du temps pour vous écrire régulièrement. Mais ne vous inquiétez pas, je ne manquerai pas de vous donner d’autres nouvelles bientôt.
Je vous embrasse,
Paul
5 Comments
10 février 2017 @ 10:31
Qu’elle est belle, cette lettre d’Andalousie, entre rues colorées, ambiance qui monte, chaleur brûlante, vieilles pierres gorgées de soleil… Je rêve d’Andalousie et d’autres villes espagnoles brûlantes, Avila me fascine avec ses remparts dans le désert… J’ai hâte de continuer à lire ton beau voyage espagnol !
25 février 2017 @ 5:26
Merci beaucoup ! L’Andalousie et l’Espagne sont effectivement une terre parfaite pour les road trips… J’attends avec impatience mon nouveau départ mais côté Atlantique, c’est prévu pour septembre normalement…
14 février 2017 @ 10:44
Je ne connaissais pas Jimena, et c’est un peu cette authenticité qui a manqué lors de mon dernier voyage en Andalousie. J’y retournerai je crois.
16 février 2017 @ 10:48
Sublime récit. L’Andalousie est décidément magique.
25 février 2017 @ 5:23
Merci Sabrina ! Effectivement je n’ai pas été déçu de mon voyage en Andalousie au contraire, une très belle surprise. Tu connais ?