Cottage & Pottage est le récit complet, détaillé et sans trucage de mon road trip en Irlande. Des notes prises durant mon voyage, le soir au coin de la cheminée ou le matin en déjeunant. Si tu recherches des informations pratiques et on ne peut plus censées sur le Connemara, je te conseille d’aller lire mon article Découvrir le Pays de Joyce et le Connemara
Le Connemara est bien connu des voyageurs pour son temps capricieux. Il y a des jours avec et des jours sans. Et malheureusement le jour où nous avons décidé de prendre la route pour découvrir cette région, le brouillard fut de la partie. Récit d’un road trip à travers les landes et les montagnes irlandaises, un jour de pluie.
La traversée du Connemara
Battues par le vent la pluie et le froid, les montagnes du Connemara ne se montreront qu’à moitié ce jour-là. Ambiance presque hostile sur les rivages du Loch Naffoey, où plus rien ne vit et où même les moutons semblent figés, à l’arrêt, saisis par la dureté du climat. Le ciel est bas et blanc, avalant les cimes et écrasant les contrastes, pour ne laisser à mon œil qu’une impression de tristesse et de vide. Mais c’est cette rudesse dans l’atmosphère qui rend cette traversée du désert aussi belle et aussi intense.
Plusieurs arrêts en bord de route pour prendre la mesure du spectacle qui se joue. A chaque fois cette même envie d’aller plus loin, soudain stoppée par une bourrasque violente qui vous arrache le visage et vous suce les mains. Avons emprunté un petite chemin sur la gauche de la route, qui mène à une plage faisant office de mise à l’eau pour quelques bateaux de pêcheurs. La pluie tombe maintenant quasiment à l’horizontal. J’ouvre la porte qui m’échappe des mains, laissant le vent s’engouffrer dans l’habitacle. A peine sorti qu’une bourrasque encore plus forte que la précédente arrache d’un seul coup ma veste, que je parviens à rattraper avant qu’elle ne finisse dans l’eau. Sur le sable, deux bateaux échoués dont la peinture écaillée et passée ajoute encore à la désolation de l’instant. Je me bagarre avec les gouttes de pluie pour tenter de photographier la scène, mais il n’y a rien à faire, ça ne passera pas.
La route prend soudain de la hauteur et embrasse la montagne en plusieurs lacets étroits pour disparaître plus haut, au coeur des tourbières aux tons vert, jaune et bronze. Un torrent bestiale dévale les fortes pentes du Connemara, n’ayant que faire des amas de caillasses qui lui barrent la route. Les pierres, au contraire, lui donnent encore plus de vigueur lorsque finalement, il se jette tout entier dans les bras du lac.
Le fjord : une pause à Leenan
Le ciel est encore descendu d’un étage, si bien que lorsque nous arrivons enfin à Leenan, le brouillard a avalé toutes entières les montagnes du fjord de Killary. Nous trouvons refuge au Hamilton’s bar, où nous déjeunerons d’une soupe et d’un sandwich au bacon Je reprends soudain vie, la soupe me réveille et la chaleur emplie peu à peu mon corps à nouveau. J’ai encore bu une pinte, de Guiness cette fois. Il me faut bien cela pour pouvoir repartir. Sur terre il existe deux types de personnes. Celles qui lorsqu’elles ont froid, dégustent un chocolat chaud ou boivent une tasse de thé. Et celles qui se réchauffent en avalant une bonne dose d’alcool. Je crois que j’appartiens à cette catégorie.
Nous quittons le Hamilton’s Bar vers quatorze heure quinze, bien décidés à continuer notre route malgré les conditions plutôt glaciales d’un vendredi après-midi de novembre. On décroche en empruntant un petit chemin sur la droite, qui doit normalement nous rapprocher dans l’embouchure du fjord. L’eau est maintenant partout, elle jaillit du sol presque n’importe où, formant ruisseaux, torrents et cascades en miniature aux abords du chemin. Le Connemara, c’est une chose certaine, ne connaît pas la sècheresse. La voie mène jusqu’à la barrière d’une ferme pédagogique, fin de la course avec une vue sur ce que le fjord Killary veut bien nous montrer aujourd’hui. C’est à dire ses pieds de roche sombre et ses eaux noircies et agitées par le vent.
Retour en arrière et détour par la Connemara Loop, pour rejoindre la côte à Tully Cross. Les choses se gâtent petit à petit. Face à la mer, nous contemplons l’Atlantique sur une petite plage de galet située non loin d’un camping évidemment totalement déserté en cette saison. Je me réfugie dans la voiture, ne supportant plus ni le vent ni le froid. Suivons une route secondaire à l’entrée de laquelle un panneau indiquait « Island View », on ne verra rien évidemment. Le brouillard a englouti toute la côte, l’océan et les îles avec lui. Pas de spectacle cet après-midi, il faudra malheureusement repasser.
Perdus sur Brouillard Road
En fin d’après-midi, nous nous engageons sur Brouillard Road. Une route côtière qui se vante d’être l’une des plus spectaculaires de tout le comté de Galway. Plongés dans un épais voile lacté, nous avons dû nous résoudre à actionner les anti-brouillards. On n’y voit quasiment plus rien, exceptés les phares de quelques voitures de touristes, qui comme nous ont eu l’excellente idée de passer ici aujourd’hui. Au départ, la Brouillard Road nous a fait le privilège de dévoiler quelques timides silhouettes de ces isthmes rocheux, dont elle s’enorgueillit aux quatre coins de l’Irlande. Mais passées 15 minutes, allez savoir pourquoi, plus rien. L’avons nous vexée ? Est-elle fatiguée de voir dévaler sur son asphalte des foules de visiteurs motorisés à longueur d’année ? En tout cas, plus jamais elle ne se résoudra à nous montrer quoi que ce soit.
Nous avons bien tenté une halte dans l’un des ces fameux view point, face à ce que l’on imagine être l’océan. Mais là encore, rien, rideau, et bien épais en plus. Pas vu de château, ni encore moins de vue inoubliable sur la baie de Brouillard City. Mais cette balade valait tout de même la peine pour ce qu’elle suscite de fantasmes et d’imaginaire. Passée une certaine déception que l’on imagine aisément, vient le moment où l’on se construit une image de cette côte en tout point magnifique. Qui à coup sûr, nous aurait déçu si on l’avait découverte en vrai. Vue de nos yeux. L’aventure ce terminera bien au chaud dans un salon de thé du centre-ville de Clifden, à se remplir l’estomac de gâteaux et de scones pour terminer la journée sur une note réconfortante.
Je vous ferai grâce du retour à Clonbur en plein milieu de la nuit, sur des routes tellement étroites que l’on croit valser dans le décor à chaque virage. Ainsi s’achève ma journée de road trip à travers le Connemara.
MENU DU JOUR
Soupe & Sandwich (le combo irlandais du déjeuner)
Je ne vous donnerai pas de recette aujourd’hui. Mais je vais juste vous parler de cette petite formule magique que l’on retrouve dans tout bon pub qui se respecte : le Soup & Sandwich. C’est l’un des combos favoris de mon voyage en Irlande. Les pubs rivalisent d’inventivité pour proposer des sandwichs gourmands et chauds que l’on accompagne d’un bon velouté de légumes de saison. Mon préféré, celui de Hamilton’s Bar à Leenan : un sandwich chaud bacon et cheddar servi avec un bol de soupe carotte, pomme de terre et potiron. A table !
4 Comments
Charly
26 août 2017 @ 9:30
Le temps rend tes photos très mélancoliques, j’aime beaucoup ce rendu…
Mitchka
27 août 2017 @ 11:24
Le brouillard… quel tueur de voyage… heureusement qu’on a le bacon existe pour le surmonter 😀
Lucie
1 avril 2020 @ 5:48
Bonjour,
Votre blog nous a bien aidé pour préparer notre voyage en Irlande alors je tiens à vous remercier. Grâce à vous, nous avons pu tester le Hamilton’s bard que nous avons adoré !! Deux ans plus tard, on se rappelle encore de leur soupe de poisson !
Alors merci pour vos articles et votre façon d’écrire qui donne l’impression de lire un roman, on plonge dans le lieu rien qu’en vous lisant.
Paul Engel
15 juillet 2020 @ 5:30
Ah c’est génial ! Merci beaucoup… j’aime beaucoup raconter des histoires, c’est vraiment ce que je préfère dans le blogging !