Immersion dans Mascate, entre souk, mer et montagne

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Je n’ai pas eu le temps de dormir ne serait-ce qu’une minute. J’ai décidé d’aller déjeuner au Crowne Plaza, qui domine la plage d’ el-Qurum. Vingt minutes de marche en plein soleil, au bord d’une route remontant à pic jusqu’au haut de la falaise. Évidemment tous les restaurants avaient terminés leur service, mais le bar de la piscine servait encore de la cuisine rapide. J’ai déjeuné d’un hamburger pour lequel j’ai dû débourser pas loin de vingt euros. Et oui, manger dans un palace, même sur le pouce, ça se paye. Je suis renté à l’hôtel en catastrophe, j’étais perdu dans mes pensées et je n’ai pas vu l’heure tourner. Heureusement Paloma était en retard, Sihem encore plus. Elle n’a pas pu quitter sa fille qui avait déjà attendu près d’une heure sur le trottoir, pendant que nous tournions désespérément à la recherche de mon hôtel. Au programme de l’après-midi, visite d’un musée, vieille ville de Muscat, palais du Sultan et souk de Mutrah. Autant dire que nous n’aurons pas le temps de nous ennuyer.

Mascate express

Paloma m’entraîne au musée Bait al-Zubair, le genre de musée que je n’aime à vrai dire, pas vraiment. Sihem non plus, elle préfère nous attendre dans la voiture. A peine l’entrée franchie, nous tombons sur une série de portraits du sultan et de ses ascendants. Il y a les deux frères bien sûr, l’un devenu sultan de Zanzibar, l’autre d’Oman. On retrouve le sultan Saïd aussi. Comment peut-on afficher encore le tableau de cet homme, après tout le mal qu’il a fait à son peuple. C’est fou comment parfois, l’histoire oublie vite. Et bien entendu, il y a le sultan Qabous, dont on voit le portrait et le nom presque partout dans la ville. Le musée se décompose en plusieurs petites salles, dans lesquelles on découvre différents pans de la vie traditionnelle omanaise. Habits et costumes, poignards, bijoux, céramiques. Le tout mis en scène autour de mannequins en plastique, comme ceux que l’on peut voir dans les magasins de vêtements. Je fais mine de m’intéresser en posant des questions, pour ne pas blesser Paloma qui redouble d’efforts pour me donner de nombreuses explications sur la culture et les traditions d’Oman. Je suis étonné de voir comme cette jeune femme maîtrise son sujet à la quasi perfection, alors qu’elle me confiait plus tôt vivre dans ce pays depuis deux années seulement. La visite se termine par deux reproductions de maisons typiquement omanaises, l’une en palme, comme on en trouvait autrefois dans certains villages de bédouins, l’autre en pierre et chaux, comme dans les villages de l’intérieur des terres. A l’extérieur, une maquette de la taille d’un terrain de boules reproduit des aflajs dans les wadis, ce système d’irrigation traditionnel encore utilisé aujourd’hui dans de nombreux villages, pour ne pas dire tous.

plage al bustan

Nous continuons avec le palais du sultan, curiosité architecturale bleu et or, qui monte vers le ciel comme un champignon. Un essai d’architecture contemporaine qui n’est pas du tout à mon goût, mais qui fait apparemment la fierté de nombreux omanais. Nous  reprenons ensuite la route vers Al-Bustan, où les touristes ont visiblement l’habitude d’aller visiter les palaces de bord de mer. Je suis peu sensible à ce genre de visite, je me consolerai avec la vue sur la baie et la plage de l’hôtel, au moment du coucher du soleil. Un tableau assez splendide.

Évidemment lorsque nous retournons à Mascate pour voir les forts Ja lali et Mirani, il fait déjà presque nuit. Nous terminerons la soirée par une visite express du souk de Mutrah, alors envahit de familles en quête d’habits neufs et de bijoux pour l’Aid. Le souk s’enfonce sous la ville, dans de grandes allées pavées, sous une toiture en bois qui imitent les anciens plafonds omanais. J’aurais juste le temps de m’imprégner de l’ambiance avant de repartir. Je me promets d’y retourner seul le lendemain. Le soir, je dine dans ma chambre d’un poulet byriani, commandé via le room-service. Je ne tarde pas à m’endormir, littéralement épuisé par la journée qui vient de s’achever.

En bateau le long de la côte

J’ai du me lever le lendemain vers six heures trente, pour être à l’heure au rendez-vous avec Sihem qui doit me conduire jusqu’au port d’Haramel, où je dois embarquer pour une excursion d’observation des dauphins, couplée d’une découverte de la côte de Mascate. Il y a énormément de monde sur le port ce matin là, principalement des familles d’origine indienne et des touristes russes et anglophones. Plusieurs compagnies organisent des départs d’excursions aux mêmes horaires, si bien qu’il n’y a pas moins d’une quinzaine de bateaux à naviguer en même temps. Notre bateau s’éloigne rapidement des terres, laissant se dévoiler le littoral déchiqueté de Mascate. Nous sommes une vingtaine à bord, au loin j’aperçois al-Bustan, où nous nous étions rendus la veille. Nous rejoignons bientôt une flotte entière de petits bateaux de tourisme qui font la traque aux dauphins, nombreux en cette saison au large de la capitale. Les voici enfin qui bondissent hors de l’eau, au beau milieu des embarcations en furie, qui semblent vouloir leur foncer dessus. Les équipages cherchent apparemment  à les faire sortir hors de l’eau. Aussi beau soit le spectacle, je m’interroge toujours sur l’impact de ce style de croisière sur ces mammifères. Ici l’homme s’impose d’une manière assez violente, juste pour le plaisir des visiteurs dont je fais évidemment partie. On poursuit les dauphins puis on les parque comme un troupeau, encerclés par plus d’une dizaine de bateaux. Cela enlève peut-être un peu à la magie du moment.

dauphin a mascate

Retour vers la côte après une heure de chasse aux dauphins, et je ne peux vraisemblablement pas nommer cela autrement. Nous longeons maintenant la côte depuis al-Butran, en remontant vers Mutrah. D’immenses falaises jaunes orangées, faites d’une roche friable que l’on croirait mélangée à du sable du désert apparaissent devant moi. Et vu de la mer, le spectacle est saisissant ! Avec l’érosion, ils prennent des formes parfois étranges, ici un œil, là un dragon et plus loin la tête d’un tigre. Certainement l’un des rochers les plus célèbres de cette côte, que les omanais aiment à montrer aux voyageurs étrangers. Nous marquons l’arrêt devant la résidence de l’ambassadeur britannique, bâtisse dont j’ai plusieurs fois entendu parler depuis mon arrivée. Mais excepté son emplacement au bord d’une falaise effectivement impressionnante, je ne comprends pas l’engouement pour le bâtiment lui-même. Suit un enchaînement de petites criques enchanteresses, qui baignent dans une mer turquoise, spots certainement parfaits pour le snorkelling. Mais elles demeurent isolées, accessibles uniquement par la mer ou bien au prix d’une marche longue et éprouvante.

falaises mascate

Retour au souk, immersion dans Mascate

Je suis revenu sur la corniche de Mutrah. Je bois une eau pétillante sur la terrasse de l’Al-Cornish Café, un petit restaurant indien à l’entrée du souk. J’observe les va-et-vient de la foule. Sous le porche, les femmes sont nombreuses à discuter sur le parapet. Plus loin, quelques gamins jouent au football pendant que ces messieurs négocient dans les échoppes du marché. Il faut s’enfoncer bien au-delà des premières allées du souk, pour saisir toute l’ambiance et l’énergie de Mutrah. Oser se perdre dans les ruelles et dépasser les premières boutiques d’étoffes où d’artisanat local, pour voir enfin vibrer ce quartier. Je progresse dans les larges allées couvertes à la propreté impeccable, d’où émanent des parfums d’épices et d’encens. J’aboutis de l’autre côté du souk, sur une petite place pavée au bout de laquelle se trouve un immense porche en pierre, à l’ombre duquel des hommes ont installé des nattes pour y prendre le café. Les femmes sont regroupées sur des bancs dans une autre partie de la place, plus loin quelques enfants s’amusent sous les arches. L’affluence est forte à cet heure de l’après-midi, on crie, on rigole, on achète quelques babioles à des marchands installés à même le sol. Je m’enfonce un peu plus encore dans la ville, déambulant dans des ruelles, au milieu de petites maisons blanches immaculées, avec leurs fenêtres aux volets verts ou bleus, surmontées de l’arc omanais traditionnel. Après cent mètres, j’atteins un carrefour où l’on trouve plusieurs coffee shops et de nombreux ateliers de confection. Je remarque un attroupement d’hommes autour d’une camionnette, à l’arrière de laquelle on a chargé une trentaine de moutons, ignorant totalement le sort tragique qui les attend. Le lendemain, les omanais fêteront l’Aid al-Adah, la fête du sacrifice, et les pauvres bêtes n’y survivront pas.

souk de mutrah

Je quitte Mutrah pour me rendre dans le vieux Mascate avant le coucher du soleil, en suivant la route le long de la corniche jusqu’à Al-Bahri road, puis la tour de guet. Je passe sous la massive porte d’entrée de la ville, avec son arche imposante et ses lourdes portes en boiseries finement sculptées. Le quartier est quasi désert à cette heure, dans les ruelles sur les collines, je ne trouve personne exceptés quelques jeunes enfants qui me regardent avec leur yeux ébahis. Il n’y a en fait plus rien à voir dans cette partie de la ville qui paraît presque artificielle. Un décor de cinéma que l’on ne fait que visiter pendant la journée, et après plus rien.

Je rentre à la tombée de la nuit pour retrouver ma chambre glauque au Qurum Beach, un hôtel un peu défraîchi, devenu presque miteux avec les années.

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